Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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paraissaient très menacées par les Anglais. Aussi, la métropole fit-elle partir en toute diligence le sieur de Machault, comme gouverneur général à la Martinique. Le 24 mars 1703, il avait rejoint son poste (42). Ce haut fonctionnaire apprit dès son arrivée la mort survenue dans la colonie du chevalier de Guitaud, et la situation critique de la Guadeloupe qui était aux prises avec les Anglais. Il leva aussitôt de bons soldats, plaça environ sept cents hommes sous les ordres de Gabaret et Auger. Neuf barques, deux navires, un brigantin, les trois derniers dénommés Trompeuse, Union, Samaritaine, furent vite équipés pour l'expédition. Le 31 mars, la flottille, escortée par deux vaisseaux de guerre et une frégate, fit voile pour la Guadeloupe. Après l'avoir libérée, le 21 mai suivant, elle revenait ancrer dans son port d'armements (43). Les Anglais eurent trois cents hommes tués, autant de blessés. L'épidémie de fièvre jaune, qui sévissait encore dans cette île, leur en enleva environ cinq cents, tandis que les pertes françaises étaient de quatorze ou quinze hommes tués et de quelques blessés (44). Les nombreux revers essuyés à Saint-Christophe, les attaques répétées, mais heureusement repoussées à la Guadeloupe et à la Martinique, avaient fini par émouvoir la cour de France. Louis XIV songea à expédier de nouvelles forces, tant de terre que de mer, pour protéger ses colonies. Le gouverneur général Machault reçut en décembre 1705, par un exprès, l'ordre de préparer une descente à Saint-Christophe et à Nièves. Deux escadres furent désignées pour passer aux îles. La première commandée par Chavagnac quitta la métropole le 15 décembre 1705, et mouilla à la Martinique vers la fin de janvier 1706. Machault fut très surpris de sa venue. Il avait négligé de préparer les armements commandés par Sa Majesté, se bornant à lui remontrer qu'il réprouvait la politique de représailles, qu'il la suppliait de vouloir bien laisser la Martinique à ses occupations domestiques, sans quoi les habitants, réduits aux privations de toutes sortes, seraient exposés à mourir de faim (14 décembre 1705) (45). N'ayant pas eu de réponse immédiate (46), il avait pensé que le monarque avait partagé son point de vue. Chavagnac, devant cette carence, ne se découragea pas. Il entreprit lui-même les démarches nécessaires pour hâter son expédition. Le 4 février 1706, la flotte navale, composée des barques de la Martinique, (42) DESSALLES : t. 1, p. 337. (43) J. GUET : pp. 234 et suiv. (44) Arch. Nat. Col. C8A-15. Mémoire du 22 mai Robert. (45) Doc. pub. par J. GUET : pp. 264 et suiv. (46) Par lettre du 14 avril 1706, le roi blâmasévèremntmachaultqui avait osé discuter ses ordres. Ibid.

de l'intendant


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