Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

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HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA MARTINIQUE

partie française de Saint-Christophe. Ils étaient chargés par le gouvernement d'en prendre aussitôt possession. Le 2 février 1699, de Gennes était commis par leurs soins, gouverneur de cette île. Puis d'Amblimont, à son retour de Saint-Christophe, eut à chasser de la Dominique des Anglais qui s'y étaient installés de connivence avec les Caraïbes, contrairement aux stipulations du traité de neutralité. Mais la tâche de ce gouverneur général fut vite terminée : en mai 1700, il mourait de la fièvre jaune (38). Son successeur, d'Esnotz, chef d'escadre des armées navales, arrivait à la Martinique le 23 mai 1701, eut en octobre le même sort. Durant toutes ces vacances du généralat, le chevalier de Guitaud faisait l'intérim. Mais à la rumeur qu'une nouvelle guerre, entre la France et l'Angleterre, sera la conséquence de l'avènement de Philippe V au trône d'Espagne, le 16 juillet 1702, les Britanniques s'emparèrent de la partie française de Saint-Christophe. Son gouverneur Gennes ne sut pas la défendre. Il fut traduit devant le conseil de guerre de la Martinique et il aurait été puni avec la dernière rigueur si sa femme, qui était en France, ne l'eût défendu auprès du ministre avec un rare dévouement (39). Les colons martiniquais reçurent à nouveau les fugitifs de la colonie-mère. Une souscription ouverte en leur faveur produisit près de 50.000 francs (40). Le 1er septembre 1702, la déclaration de guerre entre la France et l'Angleterre fut enregistrée en Conseil Souverain de la Martinique. Aussitôt le commandeur Guitaud et l'intendant Robert eurent à prendre diverses mesures pour assurer la défense de la colonie. Il fut décidé notamment de donner des secours en espèces aux blancs et nègres qui pourraient être blessés au cours des hostilités, afin de stimuler leur ardeur combative. Deux ordonnances furent promulguées à cet effet, dès le 4 septembre. Elles fixèrent, pour les blancs, une somme de six cents écus une fois payée ou cent livres de rente viagère, outre qu'ils devaient être pansés et soignés jusqu'à parfaite guérison, aux frais de la colonie. Les nègres devaient recevoir des gratifications et pensions viagères, suivant le mérite de leurs actions et même la liberté pour des exploits valeureux (41). Depuis la perte de Saint-Christophe, les îles du Vent françaises (38) DANEY-SIDNEY : t. 2, pp. 286-288. (39) J. GUET : p. 231. (40) DANEY-SIDNEY : t. 2, p. 231. (41) Doc. pub.par DESSALLES : t. 1, p. 334. D'autre part nous trouvons, aux Arch. Nat. Col., une ordonnance des mêmes administrateurs du 10 août 1702, invitant les habitants à armer leurs nègres pour la défense de la Martinique. Il y est dit qu'en cas de perte de leurs esclaves, les maîtres seront remboursés sur le prix de 550 livres tournois. (C84-14. Corresp. générale, 1702.)


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