Histoire politique, économique et sociale de la Martinique sous l'Ancien Régime

Page 102

94

HISTOIRE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DE LA MARTINIQUE

de Galiffet, vint occuper. Esclaves, chevaux, ustensiles d'exploitation, meubles, étoffes et autres marchandises furent embarqués sur les vaisseaux, transportés en plusieurs voyages et vendus à la Martinique. Deux cents nègres faits prisonniers furent vendus à SaintPierre à raison de 273 livres par tête, en moyenne. Le montant de la recette de l'expédition se chiffra à la somme de 1.578 254 livres sucre brut. La dépense 1.232 598 — Le bénéfice net fut.... 345 656 — — qui produisit 15 255 livres versées entre les mains du trésorier de la colonie, ainsi que le relatent les rapports des 27 avril et 1er mai 1689, adressés au roi par le comte de Blénac et l'intendant (26). Le gouverneur général avait repris ses occupations à la Martinique, lorsque, le 19 juillet 1689, le vaisseau du roi, la Perle, commandé par d'Arbouville, lui porta l'ordre de Sa Majesté, du 18 mai, de la déclaration de guerre avec les Anglais. Ce vaisseau était suivi immédiatement de cinq autres : le Marin, l'Hazardeux, l'Emérillon, la Loire, la Dauphine. Il s'agissait d'entreprendre aussitôt une descente dans la partie anglaise de SaintChristophe. Cinq jours après, le 27 juillet, gouverneur et intendant, troupes réglées et milices quittèrent le Fort-Royal. Concentrées dans la partie française de Saint-Christophe, ces troupes attaquèrent vivement les Anglais qui capitulèrent le 15 août. L'ennemi se réfugia à Nièves, petite île très proche de celle qu'il avait perdue. Le comte de Blénac eut la faiblesse de le laisser en paix dans cette colonie, alors qu'il aurait pu le combattre victorieusement. Il ne consentit point à utiliser la flotte française pour d'autres exploits guerriers; aussi celle-ci, voyant sa mission terminée, regagna-t-elle la métropole. L'indifférence de Blénac à pousser jusqu'au bout sa victoire sur les Anglais, eut comme conséquence fâcheuse de permettre à ceux-ci de concentrer aisément leurs forces à Nièves, de là fondre sur leur proie. Saint-Christophe fut héroïquement défendue par son gouverneur de Guitaud. Avec 300 hommes, ce chef énergique résista aux assaillants pendant quarante-cinq jours, ne céda qu'à la famine. Il capitula le 24 juillet 1690. Les Français de cette île se réfugièrent partie à la Martinique, partie à Saint-Domingue ; reçurent, de part et d'autre de la population, l'accueil le plus fraternel. La conduite de Blénac au cours de cette campagne militaire (26) Doc. pub. par J.

GUET

: pp. 178 et suiv.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.