Trois siècles d'histoire antillaise : Martinique et Guadeloupe de 1635 à nos jours

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1763-1802

adressé le m ê m e appel, ne purent conserver plus de six mois les positions qu'ils avaient acquises avec le concours de l'étranger. Le

Commissaire

civil

Victor

Hugues,

grâce

à

la

fidélité de Sainte-Lucie, reprenait pied à Pointe-à-Pitre quelques mois après la reddition de R o c h a m b e a u

au

Fort R o y a l devenu un instant Fort République, et la Guadeloupe connut un régime de semi-liberté pendant que les esclaves de la Martinique demeuraient sous le j o u g . Jusqu'au guerre

traité

d'Amiens

franco-anglaise,

la

en

1802,

Guadeloupe

terminant

la

constitua

un

v i v a n t foyer de patriotisme d'où les idées révolutionnaires Le

rayonnèrent

rétablissement

sur toute

l'Amérique

de l'esclavage

et

du

Nord.

de la traite,

retour à l'édit de 1 7 8 4 limitant les ports

le

d'entrepôt

y furent accueillis avec résistance et il s'en fallut de peu que la révolte des noirs n'eût les mêmes suites qu'à Saint-Domingue. A la Martinique, au contraire, où la population avait été sevrée de liberté, les lois de 1 8 0 2 passèrent presque inaperçues. Les Planteurs e u x - m ê m e s , quelque tage qu'ils eussent retiré de l'ouverture

avan-

de tous

les

ports de l'île, ne se sentaient pas blessés dans leurs intérêts ; sous la domination anglaise, ils avaient connu la concurrence

des autres

Iles à sucre

britanniques,

de la Jamaïque en particulier, sur le marché de leur nouvelle

métropole ; redevenus

français, ils

voyaient

s'établir à leur profit un Exclusif qui jouait dans les cadres de leur patrie agrandie par les conquêtes de la Convention et du Directoire. La

Révolution

avait retardé

de cinquante

ans

réalisation des réformes préparées par la Monarchie.

la


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