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MARTINIQUE,
GUADELOUPE
ET
DÉPENDANCES
longuement mûris. U n an après la Paix, le Roi signait l'arrêt célèbre constituant en ports d'entrepôt
Saint-
Pierre, Pointe-à-Pitre, Sainte-Lucie et Scarborough de Tabago,
ports où les étrangers
étaient admis à porter
en échange des sirops et des tafias un certain nombre de produits dénommés ; les facilités accordées en 1 7 6 3 et 1 7 6 5 étaient étendues (30 A o û t 1 7 8 4 ) . Q u a n t à l'acte de création des Assemblées Coloniales, il ne fut promulgué qu'en l'acte
1 7 8 7 , le 17 juin,
établissant
Provinciales
dans
calquées
la
quelques jours
Métropole
sur leur
les
avant
Assemblées
modèle.
Peu après le Maréchal de Castries quittait le pouvoir, et a u x réformes méthodiques que méditait une Monarchie pour laquelle le temps ne comptait pas, la R é v o lution
allait
donner
transfigura les effets.
un
rythme
précipité
D e 1 7 8 9 à 1 7 9 4 les
qui
en
Assemblées
métropolitaines voteront des mesures bouleversant sans aucun ménagement, sans aucune préparation, des situations complexes résultant d'un passé séculaire. L'accession des mulâtres, puis des noirs à la liberté et à l'égalité —
c'est-à-dire la ruine brutale et inconditionnelle des
Planteurs —
cette tentative
de révolution
sociale à
laquelle la révolution politique qui s'opérait en France n'offre rien d'analogue, devait jeter les deux îles dans des désordres sanglants. Chacune d'elles traversa « pour son compte » la tempête : leur histoire particulière présente pour cette période une disparité complète. Tandis qu'à la Martinique, les Planteurs
appelaient
à leur aide l'Angleterre pour échapper aux lois françaises préparant l'abolition de l'esclavage et restaient pendant huit
ans, de 1794 à 1802 sous la domination
britannique, les
Planteurs guadeloupéens qui avaient