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MARTINIQUE,
traite — —
GUADELOUPE
ET
DÉPENDANCES
et le système des engagements jusqu'en
1774
avait longtemps fourni un travail gratuit dès l'ins-
tant que les fonds d'achat avaient été amortis, car la « pratique du samedi », journée abandonnée au « nègre » pour la culture de son carré de terre, rendait ce malheureux responsable de son habillement et de sa nourriture. Mais
peu après la césure
XVIII
e
siècle, les
premiers
méfaits économiques des excès, auxquels les chasseurs d'hommes
s'étaient
livrés
sur
les
côtes
africaines,
s'étaient fait sentir. Les comptoirs s'étaient multipliés le long de l'Atlantique,
et les tribus riveraines
avaient
été dévastées. Il fallut désormais pénétrer dans l'intérieur des terres, jusqu'à deux cents lieues de l'océan, et cette incursion, avec tous les dangers qu'elle comportait alors, augmenta singulièrement le prix du « bois d'ébène
». Ce fut
un signe avertisseur ; la
nécessité
de sauvegarder une race, dont la disparition en son lieu d'origine menaçait d'arrêter le renouvellement des ateliers antillais, incita les administrateurs à se préoccuper d'une protection tardive —
et l'on se demanda si la
seule protection réelle ne consisterait pas dans l'affranchissement. E n faveur de la libération tout un m o u v e m e n t caractère évangélique
de
était né parmi les Quakers de
l'Amérique anglaise ; en France, un m o u v e m e n t
ana-
logue, de caractère rationnaliste, se dessinait chez les Philosophes, et ces deux tendances contribuèrent certainement Intendants
à développer des
chez les Gouverneurs
dispositions
favorables.
La
et les
question
fut agitée jusque dans les Bureaux du Ministre. Par un enchaînement invincible de circonstances, l'institution la plus efficace de la prospérité des Iles à Sucre était