Trois siècles d'histoire antillaise : Martinique et Guadeloupe de 1635 à nos jours

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1674-1763

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attire dans le royaume ; enfin par l'enlèvement

que

font du superflu de nos sels, vins et eaux-de-vie une multitude de navires des autres nations que les denrées de nos colonies appellent dans nos ports ». Pendant tout le XVIIIe siècle le commerce

colonial

constituera, pour prendre l'expression du marquis de Mirabeau, « la p o m m e de discorde entre les Nations », chacune s'efforçant de s'emparer des possessions de sa rivale

ou plus simplement des richesses dont

celles-ci

étaient la source. Les escadres de guerre ouvrent a u x convois

marchands

l'Exclusif

ou

de véritables

Pacte

égoïsmes nationaux

Colonial

voies triomphales ;

devient

et la puissance

la

forme

se tient au service du Commerce, totalement. Arma

des

gouvernementale Cedant

Lucro.

« U n bon traité de commerce, écrit d'ailleurs en 1697 le Roi à ses plénipotentiaires, v a u t mieux que l'acquisition de quelques places fortes » : la Victoire brandit désormais le caducée. A cet égard, ce sont encore les Antilles

qui apparaissent

plus prisés. A u

comme

un

des enjeux

cours des préliminaires

de

les

Ryswick,

d'Utrecht, d'Aix-la-Chapelle, de T a r i s , les négociateurs se cèdent mutuellement les Iles c o m m e les joueurs des jetons pour marquer leurs succès ou égaliser leurs parts. Saint-Christophe, T a b a g o , Trinité, Porto-Rico, la Grenade, la Dominique, Saint-Vincent, changent de pavillon au gré des événements

d'Europe ; la Martinique,

la

Guadeloupe et Saint-Domingue jamais. Ces possessions sont

trop

précieuses

à

leur

métropole

pour

qu'elle

consente à les abandonner : en 1763 Choiseul préférera céder le Canada que de perdre les deux Iles du V e n t . Que feraient les villes maritimes qui trafiquent

dans


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