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MARTINIQUE,
GUADELOUPE
ET
DÉPENDANCES
E t , en effet, grâce à ces atomes géographiques, la France réussira à s'emparer du monopole des sucres, à vaincre les
Hollandais
et les
Anglais
non
seulement
sur
le
marché des Antilles, mais par toute l'Europe. Les sucres
de
toutes
qualités,
le cacao, le t a b a c ,
l'indigo, le rocou, le coton, les cuirs, plus tard le café, affluent chaque année en quantités plus fortes à Nantes, à La Rochelle, à Bordeaux, à Marseille m ê m e , jusque dans les ports secondaires, d'où ils repartent par mer vers les pays du Nord et de l ' E s t , vers le L e v a n t qui fournissait jadis le sucre, à moins qu'ils ne remontent la Loire ou le courant du Rhône pour gagner les provinces les plus éloignées de la côte et atteindre parfois l'Italie et l'Allemagne du Sud. Pour leur transport, les fleuves se couvrent de chalands et les routes de charrois, les raffineries et les m a n u factures se lèvent sur leur passage ; toute une multitude d'hommes tirent leur vie d'une industrie nouvelle et d'un commerce qui se ranime, la bourgeoisie des villes maritimes
s'enrichit,
des quartiers
luxueux
se
cons-
truisent autour des principales cités de négoce : l'or blanc des Antilles coule à flot sur la France c o m m e autrefois sur l'Espagne l'or rouge du Pérou. Le commerce des Iles-à-Sucre est devenu le « trône » de tout le commerce du R o y a u m e . « Il a la plus grande influence
sur
notre
agriculture
et
nos
productions,
écrivent les Nantais au Chancelier, tant par l'exportation qu'il favorise que pour la subsistance et les besoins des colons, de farine, vins, eaux-de-vie, lins, chanvres, charbons, bois, merrains, feuillards, fer, p l o m b , légumes, etc... que par la consommation immense des étrangers de tous les pays et de toute condition, que ce commerce