LA MARTINIQUE
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Les événements d'Amérique conférèrent à la Martinique — à cause de sa rade de Fort R o y a l — une i m p o r tance
stratégique
de premier
ordre
qu'elle
partagea
avec S a i n t - D o m i n g u e . Le traité d'alliance, signé avec les
Insurgés
(1778),
consolida
les liens
qui
s'étaient
établis de fort longue date entre les habitants et les colons anglais du continent ; il offrit une sorte de dédomm a g e m e n t à la perte du Canada d'où les Planteurs retiraient depuis 1 7 3 0 des vivres et des bois. E n définitive, hormis les innovations éphémères de Le Mercier de la Rivière, aucune réforme réelle. Les revendications des habitants au sujet d'une
transfor-
mation des paroisses en municipalités et de la création d'une Assemblée et
d'un Syndic-Général
toujours insatisfaites.
demeuraient
La réforme judiciaire, proposée
dès 1 7 6 1 par Le Mercier de la Rivière, tendant à permettre la saisie réelle des débiteurs de mauvaise foi, n'avait
pu
être
accomplie
non
plus,
connaissait toutes les conséquences de
et
la
Colonie
l'effondrement
de son crédit. Surchargés
de
dettes
—
elles
dépassaient
vingt
millions de livres — les Planteurs n'obtenaient plus les avances nécessaires au développement ou simplement à l'entretien de leurs cultures : les commissionnaires de Saint-Pierre, leurs créanciers, n'avaient cure d'accroître leur passif. E n effet d'exercer
dans l'impossibilité où ils étaient
aucune poursuite,
ces derniers n'obtenaient
de payement que dans la mesure où ils opéraient des retenues sur les produits dont les Planteurs leur faisaient remise, c o m m e les y astreindra d'ailleurs le texte
de
1 7 8 4 fixant l'entrepôt de Saint-Pierre. Les batailles que se livreront au cours de la Révolution