BARTHÉLEMY, LE PORTUGAIS.
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humeurs qu'ils ont amassées pendant leurs débauches. S'ils n'arrêtent pas là, ils vont dans les Honduras, où ils trouvent tout à souhait, et où les femmes indiennes leur sont accueillantes. Ils vont encore dans B o c a del-Tauro, à la côte de Castilla-del-Oro (ou l'île d ' O r ) , à celle de Carthagène, de Saint-Domingue, à cent autres lieux
trop longs à
nommer,
qu'on verra dans la carte que j'ai fait graver pour ce volume et à laquelle les navigateurs peuvent se fier en toute sûreté. Après s'être bien divertis, et avoir réparé à loisir leur bâtiment et leur santé, ils se proposent un voyage et l'exécutent de la manière que j'ai dite. Voilà ce que j'avais à noter touchant les mœurs et la conduite des aventuriers. Il ne me reste plus qu'à parler de leurs actions en particulier, et j e le ferai dans la suite le plus amplement qu'il me sera p o s sible.
CHAPITRE XII. Histoire de Pierre Franc et de Barthélemy, aventuriers flibustiers.
P
IERRE Franc, natif de Dunkerque, ayant monté un petit
brigantin
avec vingt-six de ses camarades, fut croiser devant le cap de la Vella,
afin d'attendre quelques navires marchands qui devaient passer par là, venant de Maracaibo, et allant à Campêche. Il y fut plus longtemps qu'il
ne s'était proposé, sans pouvoir rien prendre ; en sorte que le peu de vivres qu'il avait était presque c o n s o m m é , et son bâtiment incapable de tenir la mer. Dans cet état, il proposa à son équipage d'aller à la rivière de la Hache, où il y a une pêcherie de perles, que les Espagnols appellent la Rancheria. Ils y viennent tous les ans de Carthagène avec dix o u douze barques accompagnées d'un navire de guerre, n o m m é Armadilla,
qui porte
vingt-quatre pièces de canon et deux cents h o m m e s . Cette pêche aux perles se fait ordinairement depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de mars ; car pendant ce temps, les vents du Nord qui causent de grands