Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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L'ILE D E

SAINT-DOMINGUE.

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Les noms de ces ports sont Jaquemel, où les Espagnols ont eu autrefois un fort ; Jaquin, la baie de Saint-Georges, la baie aux Haments et le Port-Congon, qui est entouré de plusieurs îles, entre lesquelles il y en a une nommée par les Espagnols Ybaca, et par les Français l'île à Vache. Cette île est située le long de la Grande-Ile : elle peut avoir trois à quatre lieues de long et huit de circuit. Le terroir en est bon et consiste en beaucoup de prairies. Les Espagnols y ont mis des bœufs et des vaches, que les boucaniers ont détruits. La terre y est basse en divers endroits, et il s'y trouve quelques

marécages

pleins de crocodiles,

nommés caïmans, qui ont aussi détruit une partie des bestiaux. On ne peut guère demeurer sur cette île, à cause des maringouins qui y sont extrêmement i n c o m m o d e s . Depuis le Port-Congon jusqu'au cap de Tibron, il n'y a point de ports, mais une côte agréable et unie, d'où sortent plusieurs rivières. Le cap de Tibron a une grande rade, dont le fond est b o n , et il ne manque pas de rivières abondantes en poissons. Les aventuriers, tant anglais que français, y viennent prendre de l'eau et du bois. Vers ce cap, il s'élève une haute montagne, de laquelle on voit Cuba et la Jamaïque. En suivant la côte occidentale, on touche le cap Dona Maria, la Grande-Anse, les petites îles Cayemittes, riches en tortues comestibles ; puis deux quartiers n o m m é s , l'un, la rivière de Nippes, l'autre, le Rochelais, à cause qu'un Rochelais

en a été le premier

habitant. De là on va aux trois plus célèbres contrées que la France possède dans l'île : le Petit-Goave, le Grand-Goave et Léauganne. Ce dernier mot est dérivé du n o m espagnol liguana, qui signifie en français lézard, parce que celte contrée a une pointe de terre fort basse qui ressemble à un bec de lézard. Au sortir de cet endroit, on va au fond d'une grande baie,

dont

l'embouchure a bien cinquante lieues de large. Devant cette baie, il y a une île qui a plus de sept à huit lieues de tour, q u ' o n n o m m e Gonave ; elle n'est point habitée et ne mérite pas de l'être. D u fond de celte baie, que les Français nomment Cul-de-Sac, on va le long de la côte au septentrion, jusqu'au cap Saint-Nicolas, qui forme une pointe qui avance au nord, où il y a un port qui pourrait contenir beaucoup de vaisseaux.


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