Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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RETOUR EN FRANCE. faire de l'eau, et de là continuer notre route au cap Tibron. Le

361 Pont-

chartrain où le sieur Ducasse avait fait la campagne, et le Malouin,

for-

cèrent de voiles, et nous quittèrent le même j o u r pour se rendre à SaintDomingue,

et

porter

incessamment le sieur Galifet en France. Il y

était envoyé par M. Ducasse pour rendre compte au roi de la campagne. Il pouvait s'en acquitter dignement, lui qui s'était fait distinguer dans cette expédition par sa conduite et par son c o u r a g e ; outre cela, il était encore chargé de demander justice pour les flibustiers et les soldats de la côte de Saint-Domingue. Il se défendit autant qu'il put de cette c o m m i s s i o n ; mais M. Ducasse l'en pressa tellement, qu'il fut obligé de l'accepter. Le 25 j u i n , nous donnâmes le matin dans le golfe de Bahama. Le lendemain, sur le midi, nos pilotes prirent hauteur, et trouvèrent que nous étions débouqués dans ces parages. Les courants y sont si forts, qu'ils nous firent faire quatre-vingts lieues en moins de 24 h e u r e s ; ils nous emportaient c o m m e la foudre, quoiqu'il fit calme tout plat. Le 28, nous rencontrâmes le Marin sur l'atterrage de Plaisance, qu'il quittait pour aller en France. Le même j o u r , nous trouvâmes dans la baie l'escadre commandée par M. le marquis de Nesmond, qui attendait celle que les Anglais avaient envoyée pour prendre Plaisance. Le 29, nous y mouillâmes, n'ayant presque plus personne qui pût navig u e r ; nos équipages étaient si maltraités, et nous-mêmes si fatigués de la longueur

de notre traversée que, sans le bon accueil que nous fit

le gouverneur de cette île, sans le p r o m p t secours et les bons rafraîchissements qu'il nous donna, nous n'aurions jamais eu la force de regagner la France, où nous sommes enfin arrivés. Nous y trouvâmes le Fort

qui était arrivé avant nous, et qui s était

sauvé quand les ennemis nous donnèrent la chasse au sortir de Carthagène. Nous apprîmes aussi que la frégate le Marin était au Port-Louis, et que l'Apollon

et l'Avenant avaient joint M. de Nesmond au Canada.

La joie que nous eûmes d'apprendre que tous nos vaisseaux étaient heureusement sauvés et le plaisir que nous ressentions de nous voir en France ne se peuvent décrire. Les malades en furent soulagés plus que par tous les remèdes des chirurgiens du royaume. Nous n'attendions que le moment où il nous serait permis d'aller à terre,


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