Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

Page 363

PRISE DE CARTHAGÈNE.

355

Le lendemain, sur l'avis qu'on avait eu que 800 Indiens venaient au secours de la place, on détacha 3 5 o flibustiers qui battirent la campagne plus de quatre lieues. Ils rapportèrent environ quatre mille écus et quelque butin. Ils firent 5 o prisonniers et se saisirent de quantité de bestiaux qu'ils amenèrent au c a m p . Le 28 et le 29, on canonna jusqu'à cinq heures du soir ; la brèche parut alors fort avancée. Les sieurs de Coëtlogon et de la Chevau, qui étaient de tranchée, firent défiler les grenadiers que l'on avait postés dans la chapelle, et, soutenus de quelques autres troupes, ils allèrent jusqu'au pont-levis qu'ils voulurent abattre, pour monter ensuite à la brèche. Le bruit que l'on fit en abaissant ce pont découvrit l'entreprise; la sentinelle des ennemis fit un faux feu, mais ils tirèrent du canon à cartouche et obligèrent les assiégés à se retirer dans leur tranchée, qui était entre la ville et leur batterie. Le 3 o , on canonna jusqu'à 3 heures après midi et on avertit M. de Pointis que la brèche était assez grande. Toutes les batteries eurent ordre d'y venir pour la rendre plus facile à monter. O n résolut ensuite de donner l'assaut général et on fit prendre les armes à toute l'armée. La marche fut réglée de cette sorte : M . Ducasse, qui était de tranchée, marcha à la tête des grenadiers, quoique sa blessure demandât du repos, et fut accompagné des v o l o n taires, qui étaient bien aises de trouver cette occasion de se distinguer. Ensuite, marchaient les flibustiers, commandés par le sieur Macharis, et soutenus du bataillon de la Chevau. Les autres troupes marchèrent selon leur rang et défilèrent toutes par dedans la tranchée. Lorsqu'elles se trouvèrent au bout du pont, le bastion de SainteCatherine, qui était dans la ville, battit en face et tua beaucoup de m o n d e . Cet obstacle n'empêcha pas que l'on ne passât le pont-levis sur des planches que l'on fut obligé d'y mettre, parce que les

assiégés

l'avaient r o m p u la nuit du 28 en voulant l'abaisser. Le feu des ennemis redoubla dans ce m o m e n t , et c o m m e ils étaient à couvert derrière leurs remparts, ils tuèrent plusieurs personnes

sans

q u ' o n pût leur rendre la pareille. On remarqua qu'ils s'attachaient à tirer sur les sieurs de Lévy et Coëtlogon. Enfin, malgré leur résistance, on


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.