Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS,

occasion. Ils ne cessèrent point de tirer sur notre camp, ce qui d i m i nuait tellement le nombre de l'armée, que M. de Pointis donna ordre d'aller camper derrière Saint-Lazare, o ù l'on était à l'abri du canon. G o m m e il s'avançait pour observer la contenance des assiégés, il reçut un coup de mousquet qui lui découvrit l'estomac d'une épaule à l'autre. L'armée fut dans une consternation étrange à cette nouvelle; mais elle se rassura lorsqu'elle apprit que la blessure n'était pas mortelle. M. de Lévy prit aussitôt sa place; il continua le siège et fit travailler à quelque épaulement où l'on mit un mortier en batterie. Le 22, le 23 et le

on travailla j o u r et nuit à débarquer les canons,

les mortiers et d'autres instruments. On était obligé de les traîner sur leurs affûts près d'une demi-lieue, car il n'y avait pas moins de chemin à faire depuis le débarquement jusqu'au camp. Celte rude occupation et les chaleurs excessives donnaient beaucoup de peine aux soldats que M. de Lévy encourageait par sa présence. Le 26, les batteries se trouvèrent fort avancées; la première était de six pièces de canon, dont quatre étaient de 26 et de 36 livres de balles. Destinée à faire brèche, elle fut placée directement

sous le fort, à

l'opposé de la portée de Gezemanie. La seconde batterie était encore de six pièces de canon, dont cinq étaient de 18 livres de balles, et la sixième de 36 livres. Cette batterie fut dressée sur une hauteur, à droite du fort, pour battre deux bastions qui étaient entre ces endroits et le f o s s é ; on y joignit un mortier. La troisième était de trois pièces de canon de 18 livres de balles; elle pouvait battre la porte de Gezemanie à droite et à gauche. Les ennemis avaient mis derrière de gros arcs-boutants et une infinité de pierres. Cette précaution n'empêcha pas qu'elle ne fût abattue par notre grande batterie royale. Toutes les batteries tiraient si à propos qu'elles démontèrent plusieurs canons de la place et diminuaient à tout moment le feu des assiégés, d'où l'on jugea que la résistance ne serait pas l o n g u e . La galiote qui était en rade et les mortiers qui étaient à terre ne cessèrent pas de la nuit le bombardement avec tout le succès possible. On alla reconnaître la tranchée, que l'on ne trouva pas praticable.


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