Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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PRISE DE GEZEMANIE.

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de grenades ; malgré cela ils ne purent empêcher que leurs ennemis ne vinssent jusqu'au pied du fort. M. de Pointis fit visiter les postes qui pouvaient être avantageux et voulut être présent à tout ce qui se passerait. M. de Lévy en fit autant de son côté ; ensuite on retourna au camp et on essuya encore le feu des Espagnols, qui tua le sieur de V i g n y , blessa le sieur de Simonet et plusieurs soldats. Le lendemain, on fit des chemins dans une colline d'où l'on pouvait approcher du fort à la faveur des bois, et on alla se poster à la portée du pistolet de la place, derrière une petite hauteur qui mettait l'armée à couvert du feu des Espagnols. Cela ne se fit pas sans perdre quelques h o m m e s ; mais lorsque les flibustiers eurent le fort à découvert et qu'ils purent voir les assiégés derrière leurs embrasures, leur feu les obligea à quitter la partie et à se retirer en désordre dans la ville, après avoir tué leur commandant qui voulait se défendre jusqu'à l'extrémité. Cependant, nos flibustiers tiraient sans cesse. On en avait posté vingt ou trente sur une petite montagne qui commande le fort, et qui est d'un accès très difficile. Ce fut de là que, continuant leur feu, non seulement ils abattirent autant d'ennemis qu'il en paraissait, mais qu'ils favorisèrent encore les troupes destinées à l'escalade, et leur facilitèrent le moyen de monter dans le fort et d'y introduire ceux des leurs qui étaient campés au pied de la montagne où est situé le fort de Saint-Lazare, à une portée de mousquet de Gezemanie. Les ennemis nous le rendirent bien et leur canon démonta plusieurs fois le nôtre. Le sieur de Mornay fut blessé de plusieurs éclats et l'on y perdit beaucoup de m o n d e , eu égard au petit n o m b r e qu'il y avait dans le fort de Saint-Lazare. Pendant que ce feu durait de part et d'autre, l'armée alla camper entre le fort et Gezemanie. Elle se prépara à former le siège de la ville. Le 2 1 , on fit venir deux pièces de canon et six livres de balles, on les mil en batterie dans la chapelle d'une maladrerie qui était à une portée de fusil de Gezemanie. A peine s'en était-on servi q u ' o n fut obligé de les retirer et de les faire monter au fort de Saint-Lazare. Les ennemis tuèrent ou blessèrent plus de trente personnes dans cette 23


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