Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS.

Ils se trouvèrent trop engagés pour pouvoir se retirer sans pertes considérables ; ils avancèrent jusqu'aux fossés avec ceux qui les soutenaient, afin de se mettre à l'abri du canon. Cet incident devait faire périr beaucoup de braves gens. On se battit à coup de fusil pendant près d'une heure. Le combat était chaud, parce que l'on était si près des ennemis, que les uns et les autres ne pouvaient se manquer. Les grenadiers avaient déjà gagné le pont-levis, et ils étaient prêts à l'abattre ; les troupes arrivaient de toutes parts, et tous se disposaient à monter à l'assaut ; on voyait les échelles plantées ; les ordres se donnaient à cet effet, lorsque les assiégés arborèrent un pavillon blanc et demandèrent à capituler. Ils voulaient avoir des conditions avantageuses, mais on leur signifia qu'il fallait que tous se rendissent prisonniers de guerre, et que si cette condition ne les accommodait pas, on allait monter à l'escalade. Il y avait trente échelles posées, et on y montait pour tenir sa parole. Tant de fermeté les obligea de se rendre, ils jetèrent leurs armes du haut des remparts, et ouvrirent la porte. Les troupes que l'on commanda pour entrer dans le fort se saisirent aussitôt du rempart et des batteries, enfermèrent dans une chapelle la garnison, qui se trouva de cent ou cent-vingt hommes, avec de bonnes sentinelles pour les garder. Lorsque le gouverneur se vit devant M. de Pointis, il jeta son épée à terre. M. de Pointis en fit apporter une autre à la française, et la lui mit lui-même au côté. Sa générosité alla jusqu'à lui donner encore la liberté de se retirer, et d'emporter ce qui lui appartenait. On prit ainsi cette place importante, et, le 16, on y mit une garnison française. Plusieurs flibustiers se distinguèrent en cette occasion, et réparèrent bien la faute de quelques faux frères qui avaient fait difficulté pour marcher. Le sieur Marin, lieutenant de vaisseau, fut tué à ce siège; le sieur Ducasse y fut blessé d'une mitraille à la cuisse ; et le sieur Canet, premier ingénieur, d'un coup de mousquet dans le bras. Pendant que les troupes se reposaient, M. de Pointis fit sommer Dom Sanche Ximenès, gouverneur de Carthagène, de se rendre, et lui offrit


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