Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS,

deux traversiers commencèrent à bombarder. Ils firent les uns et les autres si bien leur devoir pour faciliter la descente des troupes, qu'elles furent à terre en bon ordre, se mirent aussitôt en bataille, et avancèrent jusqu'à un quart de lieue du fort, sans trouver qui que ce fût qui osât s'opposer à leur marche. Les flibustiers, qui connaissaient le pays, représentèrent qu'il fallait traverser les b o i s ; que, par ce m o y e n , on marcherait à couvert, et que c'était le plus court chemin pour arriver à Boucachie. Leur proposition fut approuvée, et on fit à cet effet un détachement

de trois

mille

hommes, dont ils firent partie. Ils marchèrent avec une fermeté héroïque, quoiqu'ils fussent obligés de suivre de petits sentiers où il ne pouvait passer qu'un h o m m e de front, et qu'ils eussent lieu de craindre quelque embuscade sur la route, où 5 o o h o m m e s retranchés auraient défait tout ce qui se serait présenté au passage. En sortant de ce défilé, ils trouvèrent un chemin où l'on pouvait marcher deux h o m m e s de front : c'était le chemin qui menait de Carthagène au fort. Ils se mirent en état de passer la nuit dans cet endroit, que l'on fortifia des deux côtés, afin d'arrêter le secours que les Espagnols p o u r raient envoyer de Carthagène, et d'empêcher toute communication du fort avec la ville. Les troupes remuaient déjà la terre et coupaient des arbres, lorsque la garde avancée cria : « Qui vive » . Chacun quitta la hache, prit ses armes et serra la file, parce qu'on ne pouvait aller qu'un à u n . Après une demi-heure de marche, ils arrivèrent dans un petit village, où six nègres furent p r i s ; le reste se sauva au fort de Boucachie, qui n'était qu'à une portée de mousquet de cet endroit. Quelques drapeaux furent aussitôt plantés sur un petit tertre qui se trouve là, et sur les maisons qui sont fort basses. A cette vue, la garnison fut fort étonnée parce qu'il n'y avait que très peu de temps que les troupes avaient mis pied à terre. Elle tira cinq coups de canon qui tuèrent cinq h o m m e s , sans faire d'autre mal. Toute l'armée passa la nuit sans d o r m i r ; on s'occupa à reconnaître la place, à envoyer des détachements de tous côtés, et à mettre doubles sentinelles, de crainte de surprise. Celle du poste le plus avancé donna


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