Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE

DES

AVENTURIERS.

O n trouva aussi parmi les morts un capitaine de cavalerie qui n'était que blessé; on l'amena à Morgan qui défendit de faire plus de prisonniers, disant qu'ils ne feraient qu'embarrasser jusqu'à ce qu'on fût maître de tout. Il interrogea ce capitaine sur les forces qu'il y avait dans la ville. Il répondit que tout le m o n d e en était sorti, au nombre de deux mille fantassins et de quatre cents cavaliers avec six cents Indiens et deux mille taureaux; que depuis quinze jours ces gens

couchaient

dehors dans la prairie; qu'on avait abandonné la ville, ayant envoyé les femmes et les richesses aux îles de T a r o g a ; q u ' o n avait laissé dans la ville cent h o m m e s avec vingt-huit pièces de canon braquées sur les avenues de la place et les principales rues. Il ajouta que les lieux où étaient ces canons étaient gabionés avec des sacs de farine de la hauteur d'un h o m m e . Il donna aussi avis q u ' o n ne prît pas le chemin de Cruz, parce que, disait-il, on trouverait, à l'entrée de la ville, une redoute avec huit pièces de bronze, qui feraient bien du fracas. Morgan, ayant appris ces nouvelles, rassembla ses gens et leur représenta que si on donnait le loisir aux Espagnols de se rallier dans la ville, on ne pourrait plus la prendre; qu'il fallait marcher promptement pour y être aussitôt qu'eux et leur barrer l'entrée. Il fit la revue, et on trouva qu'il n'y avait que deux flibustiers de morts et deux de blessés. Morgan s'avança d o n c vers la ville, exhortant ses gens à ne se pas abandonner les uns les autres, mais à combattre courageusement comme ils avaient déjà fait, sans leur déguiser toutefois que ce second combat ne serait pas si facile que le premier. Les aventuriers, conduits par le capitaine de la cavalerie espagnole qu'ils avaient fait prisonnier, marchèrent par le chemin de Porto Bello, où il n'y avait aucun péril. Etant entrés d ans la ville, et voyant qu'il n'y avait personne, ils coururent 1 un d'un côté, l'autre de l'autre, sans songer à l'avis q u ' o n leur avait donné d'éviter les canons qui étaient dans la grande place. Quelques-uns s'y exposèrent en poursuivant deux ou trois h o m m e s qu'ils avaient vu fuir. Aussitôt on tira le canon, qui en blessa vingt-cinq o u trente et en tua bien autant; mais il n'y eut que cette décharge, car, à l'instant, les aventuriers fondirent sur les canonniers et passèrent au fil de l'épée ceux qu'ils trouvèrent dans la ville. Dès que Morgan se vit maître de Panama,


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