Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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MARCHE SUR PANAMA. Journal de la marche des aventuriers pour

commandés par

253 Morgan

Panama.

Le j o u r même du départ, ils firent tant à la voile qu'à la rame, et allèrent coucher en un lieu n o m m é Rio de los Bruços. Ils tardèrent là quelque temps, parce que, de nuit, ils ne pouvaient pas aller plus loin et qu'il y avait des habitations, où ils croyaient trouver des v i v r e s ;

mais

ils furent trompés dans leur attente, car les Espagnols avaient tout ruiné. Ils avaient arraché jusqu'aux racines et coupé même les fruits qui n'étaient pas encore mûrs, sans laisser de bestiaux, en sorte que les aventuriers ne trouvèrent que les maisons v i d e s ; celles-ci cependant ne laissèrent pas de leur servir pour coucher, car ils étaient si serrés, dans leurs vaisseaux qu'ils ne pouvaient pas même s'asseoir. Ils furent obligés de se contenter, ce soir-là, d'une pipe de tabac, quoique cela ne les inquiétât pas pour cette première fois. Le dix-neuvième du mois et le deuxième de la marche, les aventuriers se préparèrent dès la pointe du j o u r à avancer; et sur le midi, ils se trouvèrent en un lieu n o m m é la Cruz de Juan Galliego. En cet endroit ils furent obligés de laisser leurs frégates légères, tant parce que la rivière était basse que parce qu'un assez grand nombre

d'arbres, qui étaient

tombés dedans et qui l'embarrassaient, auraient trop donné de peine et fait perdre trop de temps à les retirer. Les guides assurèrent qu'à trois lieues de là, on pouvait marcher les uns le long de la rivière et les autres dans les canots. Cependant il fallut faire le trajet en deux f o i s ; car les canots qui étaient pleins de monde allèrent se décharger au lieu dont j e viens de parler, afin de venir quérir ceux qui étaient dans les frégates. On leur donna ordre de demeurer là deux ou trois j o u r s , à dessein que si on trouvait les Espagnols trop forts et qu'on fût obligé de se retirer, on pût se réfugier en cet endroit et, par le moyen du canon, les repousser et les défaire. On fit aussi défense à ceux qu'on avait laissés sur les bâtiments d'aller à terre, de peur d'être surpris dans le bois et d'être faits prisonniers; ce qui aurait découvert aux Espagnols le peu de forces qu'avaient les aventuriers.


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