Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE

DES

AVENTURIERS.

pistolets, et chacun de son sabre et d'un courage plus sûr que tout cela. Ils jetèrent d'abord quantité de grenades dans le fort qui firent un grand effet ; puis, le sabre et le pistolet à la main, ils sautèrent dedans, malgré les Espagnols qui les repoussaient avec des piques et en jetaient, à la vérité, quelques-uns de haut en bas. Quand les Espagnols eurent vu que leur canon leur était inutile, ils auraient dû se rendre ; mais ils n'en voulurent rien faire, particulièrement les officiers, qui contraignirent les soldats de se battre jusqu'à la fin. Les aventuriers se voyaient maîtres du premier fort, qui paraissait le plus avantageux, parce qu'il était

sur une petite éminence et qu'il

commandait à l'autre, bâti seulement pour défendre l'entrée du port. Cependant il fallait encore le gagner pour faire entrer les vaisseaux; car ils étaient obligés de séjourner là, à cause de la quantité de blessés qu'ils avaient. Ils allèrent donc à l'autre fort qui tirait toujours mais sans beaucoup d'effet, et sommèrent le gouverneur de se rendre, l'assurant qu'on lui donnerait quartier. Mais il n'en voulut rien faire non plus que les autres, et les flibustiers furent obligés de prendre ce fort de la même manière que le premier, quoique les officiers de ce second fort se défendissent aussi vigoureusement que ceux du premier. Les aventuriers étant maîtres de ces deux forts, le reste ne tint guère ; le combat fut terminé sur les trois heures après midi par la victoire qui demeura aux aventuriers. Ils renfermèrent tous les prisonniers dans un château, mettant les hommes et les femmes séparément, et leurs blessés dans un lieu voisin, avec des femmes esclaves pour les soigner. Après quoi, ceux qui n'étaient point blessés commencèrent à se d o n n e r carrière et à faire débauche de vin et de femmes tant que la nuit dura ; en sorte que s'il était seulement survenu cinquante Espagnols aussi braves que ceux qui avaient défendu les forts, ils auraient massacré facilement tous les aventuriers. Le lendemain matin, Morgan fit entrer ses vaisseaux dans le port, pendant que ses gens étaient occupés à piller la ville et à amasser l'argent qu'ils trouvaient dans les maisons pour l'apporter dans le fort. H donna ordre de réparer les débris des forts et de remettre le canon en état afin que, s'il venait quelque secours aux Espagnols, il pût se défendre.


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