Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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PRISE DE PUERTO-BELLO.

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la ville. Les aventuriers ne s'amusèrent point à piller ; une partie se rendit promptement aux couvents, où ils prirent les religieux et les femmes qui s'étaient réfugiées avec eux, pendant qu'une autre partie faisait des échelles pour escalader les forts. Ils tentèrent d'en prendre un en en brûlant les portes ; mais c o m m e elles étaient de fer, ils ne purent en venir à bout. D'ailleurs quand ils approchaient des murs, les Espagnols leur jetaient des pots pleins de poudre, auxquels ils avaient attaché des mèches ardentes. Plusieurs aventuriers en furent brûlés ; cependant l'avantage qu'ils avaient sur leurs ennemis, c'est que si quelque Espagnol paraissait à une embrasure, c'était toujours un h o m m e de moins. Pendant que les uns étaient ainsi occupés, les autres travaillaient à force pour faire les échelles, qui furent bientôt prêtes. Morgan leur fit dire que s'ils ne voulaient pas

se rendre, il allait

faire mettre des

échelles, portées par les religieux et par les femmes, et qu'il ne leur d o n nerait point quartier. Ils répondirent qu'ils ne voulaient pas non plus. Alors Morgan exécuta

ce qu'il avait dit, pendant qu'une partie de son

monde prenait garde aux embrasures p o u r empêcher les Espagnols de charger leurs c a n o n s ; ceux-ci n'en chargeaient de pièce qu'il ne leur en coûtât sept ou huit h o m m e s pour le moins. Il est vrai que les aventuriers qui n'étaient nullement couverts perdaient bien du monde. Ce combat dura depuis la pointe du j o u r jusqu'à midi. Alors les échelles étant prêtes, on les fit porter par les femmes, par les moines et par les prêtres, croyant que quand ceux qui étaient dans les forts verraient ce spectacle, ils se rendraient de peur de blesser des gens consacrés à Dieu ; mais ils ne laissèrent pas de tirer c o m m e auparavant. Les religieux leur criaient de se rendre, leur remontrant que c'étaient leurs frères qu'ils massacraient : rien ne les toucha. Quand on posa les échelles, ils jetèrent une si grande quantité de pots à feu, qu'il y eut beaucoup de monde brûlé, tant des Espagnols mêmes de la ville que des aventuriers. Les échelles étant posées, quelques Espagnols voulurent paraître pour empêcher l'escalade et précipiter du haut en bas ceux qui monteraient ; mais ceux des aventuriers qui soutenaient les assaillants, tuèrent tous les assiégés qui parurent sur les murailles. Ainsi les assaillants montèrent généreusement, munis de grenades, de


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