Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS,

parce qu'ils étaient les meilleurs soldats de leur troupe et qu'un seul était plus brave que trois Anglais. Cependant quelque bon ordre que ces deux chefs y apportassent, ils ne purent prévenir cette division. Il fallut d o n c retourner sur ses pas et abandonner l'entreprise. Manweld, s'étant embarqué, alla à Sainte-Catherine pour voir de quelle manière Saint-Simon se comportait dans son gouvernement. Il trouva qu'il avait déjà travaillé à faire mettre les forteresses en état et à planter quantité de vivres, ce qui lui plut beaucoup. De là, il se transporta à la Jamaïque pour avoir du secours ; mais le gouverneur, qui crut que ce serait son préjudice, le lui refusa aussi bien que la commission qu'il demandait, sous prétexte que le roi d'Angleterre n'était pas en guerre contre les Espagnols. Sur ce refus, Manweld alla à la Tortue ; mais le gouverneur, qui était français, lui lit le même refus et la même réponse. Il tenta encore toutes sortes de moyens pour obtenir ce qu'il souhaitait, mais la mort le prévint et arrêta tous ses projets. Les Espagnols, à qui l'île de Sainte-Catherine, occupée par les aventuriers, était de la dernière importance, jugèrent que ceux-ci pourraient tellement s'y fortifier, que rien dans la suite ne serait capable de les en chasser, et qu'ainsi ils étaient en danger de perdre toutes les Indes. C'est pourquoi ils résolurent d'y apporter remède avant que le mal augmentât, et pour ce sujet ils équipèrent une petite flotte de quatre navires, montés de six cents h o m m e s , sous le commandement de D o m Joseph Sanche Ximenès, major général de la garnison de Puerto Bello. Outre cela, le président de Panama, D o m Juan Perez de Gusman, qui gouvernait pour lors, trouva moyen de traiter avec Saint-Simon, lequel voyant qu'il ne lui venait point de secours, n'en fit aucune difficulté. De cette manière, les Espagnols étaient sûrs de leur fait et n'eurent pas grande peine à se rendre maîtres de l'île, où bientôt après ils firent de grands feux de j o i e . Quelque temps après, le gouverneur de la Jamaïque fit réflexion à ce que Manweld lui avait proposé et crut que celte île lui pourrait être d'un grand secours. Il y envoya donc un petit bâtiment avec des munitions, quelques femmes et une commission p o u r Saint-Simon, mais il était trop tard ; car les Espagnols, c o m m e on l'a dit, l'avaient déjà


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