Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS.

étaient à l'île de Rotan dans le golfe des Honduras et la hourque était sur la rivière de Moustic, dans le fond de ce golfe. Vers le même temps, Van Horn était allé traiter des nègres à SaintD o m i n g u e . Là, il eut à se plaindre des Espagnols. Ceux-ci, en effet, lui retinrent ses nègres, par droit, disaient-ils, de représailles, prétendant avoir été pillés par Van H o r n . Cependant, il n'est pas

vraisemblable

qu'il eût été négocier chez eux s'ils avaient eu lieu de se plaindre de lui ; mais on a toujours tort avec ces messieurs, dès q u ' o n ne se trouve pas en état de leur résister. Ils ne font point scrupule de tout entreprendre, sans examiner s'ils ont le droit de le faire, et lorsqu'ils n'ont point de raisons légitimes, ils ne manquent point de prétextes p o u r usurper ce qui les a c c o m m o d e . Van Horn, outré de leur injustice, les quitta en les menaçant; mais ils firent peu de cas de ses menaces, dont, néanmoins, peu de temps après, ils ressentirent les terribles effets. Il se rendit au Petit-Goave où, ayant obtenu de M. de P o i n c y , gouverneur du pays, une commission contre les Espagnols, il munit son vaisseau de tout ce qui était nécessaire pour une grande entreprise ; il assembla le plus de m o n d e qu'il lui fut possible,

et recruta près de trois cents h o m m e s des plus braves,

parmi lesquels le capitaine Grammont qui était sur le pied des autres flibustiers. Cet officier avait été démonté à la côte de Saint-Domingue par un ouragan ; son vaisseau portait cinquante-deux pièces de canon, et tout ce qu'il pouvait posséder alors. Ainsi, il avait tout perdu, hors le courage qui ne l'abandonnait jamais. Van Horn savait que les capitaines Laurent et Michel étaient aux Honduras pour guetter la hourque qu'ils voulaient prendre. N'importe, il partit pour la baie des Honduras et, à l'insu de Laurent et de Michel, s'empara de la hourque. Elle ne contenait rien d'intéressant. Il ne s'en émut pas, contre le naturel des flibustiers qui aiment toujours à trouver quelque chose ; mais il était tellement préoccupé de l'idée avantageuse qu'il se formait des richesses de la Vera-Cruz, que tout le reste ne lui paraissait plus rien. D'ailleurs, n'allait-il pas, en proposant au capitaine Laurent une affaire plus considérable, calmer l'amertume de sa déconvenue ? Il repartit donc sur-le-champ pour

le rejoindre. Quand Laurent


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