Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS.

En 1694, on le vit sur la côte de Caracas, et de là monter au vent de Santa-Cruz, o ù , sur l'avis qu'on lui donna qu'un convoi de vaisseaux devait partir pour les îles Barbades et Niève, pour passer en Angleterre, il alla à la hauteur de Bermudes à dessein de l'enlever. Peu de temps après son arrivée, il le vit paraître venant à l u i ; mais il le prévint en attaquant l'escorte n o m m é e le Loup,

qu'il enleva avec deux vaisseaux marchands

chargés de sucre, le reste s'étant sauvé pendant le combat. C o m m e il emmenait cette prise en France, il se rendit

maître d'un

vaisseau anglais de seize pièces de canon qui allait en Angleterre, et le vendit à la Rochelle, où l'Amirauté le jugea de bonne prise. Ensuite, continuant sa route, il arriva le 3 septembre 1604 à Bordeaux avec les trois autres vaisseaux qu'il vendit, après q u ' o n les eut aussi jugés de bonne prise. Les flibustiers de sa compagnie, qui n'avaient pas vu la France depuis longtemps, se trouvant alors dans une ville abondante en toutes choses, firent des dépenses considérables; et, sur le bruit qui s'était répandu dans la ville des grosses prises où ils avaient part, on ne faisait aucune difficulté de leur prêter. Leur extravagance alla si loin, que, non contents de courir la ville en masque j o u r et nuit, ils s'y

faisaient porter en

chaise, précédés de flambeaux allumés en plein midi. La débauche en fit mourir quelques-uns, d'autres désertèrent, et le capitaine Montauban, voyant que son m o n d e diminuait, se détermina à partir au plus tôt. Son premier soin fut d'amasser assez de jeunes gens du pays pour remplir le nombre des flibustiers qu'il avait p e r d u ; et, ayant ravitaillé son vaisseau qui n'avait que trente-quatre pièces de canon, il partit au mois de février 1695 pour aller croiser sur la côte de Guinée. Sa traversée ne se fit pas sans incidents. Il donna la chasse à deux vaisseaux anglais, vers les îles du Cap Vert, et à deux armateurs de cette nation à l'île de Fuego ou île de F e u . Ensuite, poursuivant sa route, il alla atterrir au cap de Trois-Pointes, où il rencontra la garde-côte. C'était une frégate hollandaise de trente-quatre pièces de canon, qui croisait au large. Lorsqu'elle avança pour le reconnaître, il aborda pavillon hollandais; mais quand il se trouva à portée, il fit mettre pavillon français. Le combat dura toute la journée,

sans

que

Montauban pût joindre


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