Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS,

on y voit de grands bois, et on pourrait y demeurer, mais il faut y creuser des puits pour avoir de l'eau, et cette eau est moitié douce et moitié salée. Les aventuriers y viennent souvent ; car ils n'osent aller en terre ferme où les Indiens sont méchants et ne veulent souffrir aucune nation, étant eux-mêmes sans demeure fixe et toujours errants dans les bois. Les aventuriers n'avaient jamais pu en découvrir lorsqu'enfin ils en trouvèrent trois qui prirent vite la fuite. On les poursuivit si vivement qu'on les vit entrer dans une lanière sous terre o ù , sans rien craindre, on entra après eux ; on les prit et on les amena au quartier de l'Olonnais, sans leur faire aucun mal. Ils étaient trois, savoir deux femmes et un homme. Nos aventuriers s'imaginèrent que cette capture était un coup de forlune pour eux ; ils pensèrent faire amitié avec ces sauvages afin de pouvoir ensuite entrer dans leur pays, mais ils furent bien trompés dans leur attente. Après leur avoir fait toutes les caresses du m o n d e , ils donnèrent aux deux femmes quantité de petits miroirs et d'autres choses de cette nature qu'on présente ordinairement aux f e m m e s ; ils firent aussi présent aux hommes de haches, de couteaux et d'instruments pour la pêche. Mais au lieu que les autres Indiens estiment toutes ces choses, ceux-ci les méprisèrent et ne daignèrent pas seulement les regarder. Pendant tout le temps qu'ils furent avec les aventuriers, ils ne se parlèrent jamais. On leur présenta des fruits ; ils en mangèrent. Après cela, on les mit en liberté, et on leur fit signe d'aller rejoindre leurs camarades et de leur porter ces choses que les aventuriers leur avaient données ; mais ils n'en voulurent rien faire. Cependant l ' h o m m e prit quelques couteaux et, sur-le-champ, ils se sauvèrent, sans que depuis on les ait vus reparaître. Dès le lendemain, un des aventuriers, s'étant avisé d'aller seul à la chasse, tomba entre leurs mains et fut rôti et mangé, à ce qu'on a pu conjecturer; car trois j o u r s après, on trouva un pied et une main de ce misérable qui étaient brûlés. Un j o u r , un aventurier de la Jamaïque vint mouiller à ces îles. La nuit, ils vinrent sous l'eau, lui emportèrent son ancre qui pouvait peser six cents livres, et attachèrent le câble à un rocher. Il y a le long de


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