Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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VOYAGE

AUX

HONDURAS.

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mes à la bonne chère. Ils approuvèrent le dessein de l'Olonnais, et ne manquèrent pas de le publier partout. L'argent de Maracaïbo avait fait ouvrir les yeux à plusieurs, de sorte qu'un grand nombre d'habitants, qui n'avaient jamais planté que du tabac, jetèrent là le piquet pour aller en course. Ainsi l'Olonnais trouva beaucoup plus de m o n d e qu'il n'avait de places sur ses bâtiments. Il fit a c c o m m o d e r une grande flûte qu'il avait amenée de Maracaïbo. sur laquelle il monta avec trois cents h o m m e s , et il en mit encore trois cents dans cinq petits vaisseaux. Avec cet équipage, il fit voile pour Bayaha, lieu c o m m o d e pour caréner les bâtiments et les ravitailler. Il ne fut là que très peu de temps, et on vit aussitôt sa flotte en état. On sait que caréner signifie le travail que les charpentiers sont obligés de faire pour remettre un vaisseau en état de naviguer. Il communiqua donc son dessein à tous ses gens et leur montra un Indien, né dans la région du lac de Nicaragua, où il voulait aller piller quelques villes. Il assura q u ' o n y trouverait des richesses immenses, parce que les aventuriers n'y avaient jamais fait de grandes descentes, et il ajouta qu'ayant un bon guide, il ne manquerait pas de surprendre les Espagnols; qu'enfin, Il ne leur donnerait pas le temps d'emporter leurs richesses. On fut ravi de l'entendre, et on

fit

serment de lui obéir et de le

seconder en tout. La chasse-partie étant faite à l'ordinaire, il mit à la voile avec sa flotte et donna rendez-vous, en cas que quelqu'un s'écartât, à Mata-Mano, qui est à la bande sud de l'île de Cuba. Il avait choisi ce lieu, à cause qu'il y a quantité de gens qui y pêchent des tortues. On les nomme vareurs chez les

Français, et

variadors chez les Espagnols.

L'Olonnais allait donc là pour prendre des canots, à dessein d'y mettre son monde, quand il serait à l'embouchure de la rivière qui conduit au lac de Nicaragua, afin de pouvoir monter où les bâtiments ne peuvent aller faute d'eau. Lorsqu'il fut à Mata-Mano, il prit tous les canots de ces pauvres pêcheurs, qu'il mit dans ses vaisseaux, et de là fit route pour le cap Gracia-a-Dios, en terre ferme. Le lecteur peut voir ce trajet dans la carte que j ' e n ai faite, et qui est fort exacte. Pendant ce trajet, les fli-


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