Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS,

bois, et on donnait la question à ceux qu'on enlevait, ou q u ' o n faisait prisonniers, pour leur faire déclarer où étaient leurs trésors. L'Olonnais, non content de cet avantage, voulut pousser par terre jusqu'à Mérida, qui est à quarante lieues de là ; mais, ses gens n'étant pas de son avis, il n'insista pas davantage. Les aventuriers demeurèrent là environ six semaines, et voyant qu'ils ne trouvaient plus rien à piller, ils résolurent de se retirer, ce qu'ils auraient été obligés de faire tôt ou tard, parce qu'ils commençaient à se ressentir du mauvais air qu'exhalaient le sang répandu et les corps morts qui n'étaient qu'à demi enterrés : encore n'avait-on pris ce soin que pour ceux qui étaient trop près d'eux, car ils avaient laissé les autres en proie aux oiseaux et aux mouches. Les soldats qui n'étaient pas bien guéris de leurs blessures furent attaqués de la fièvre, leurs plaies se rouvrirent, ils mouraient subitement. La maladie détermina donc l'Olonnais à partir plus tôt qu'il n'aurait fait. Mais, avant son départ, il fit savoir aux principaux prisonniers qu'ils eussent à lui payer rançon pour ce bourg, ou qu'il allait le réduire en cendres. Les Espagnols se consultèrent là-dessus : quelques-uns opinèrent qu'il ne fallait rien payer parce que ce serait accoutumer ces gens-là à leur faire tous les jours de nouvelles hostilités ; les autres étaient d'un sentiment contraire. Pendant qu'ils contestaient entre eux, l'Olonnais fit embarquer ses gens et tout le butin ; après quoi, il insista toujours sur la rançon. Enfin, voyant que les Espagnols n'avaient rien résolu, il fit mettre le feu aux quatre coins du bourg, et, en moins de six heures, il fut consumé. Ensuite, il signifia aux prisonniers que, s'ils ne faisaient venir au plus tôt leur rançon dans le lieu où il allait les mener, ils devaient s'attendre à recevoir eux-mêmes un pareil traitement. Ils le prièrent de laisser aller un d'entre eux pour traiter de cette affaire, pendant que les autres demeuraient en otages auprès de l u i : ce qu'il leur accorda. Peu de jours après, l'Olonnais rentra dans Maracaïbo, commandement

à ses

où il fit

prisonniers de lui faire apporter o o o

vaches

grasses, afin de ravitailler ses vaisseaux. Ce que les Espagnols firent promptement, croyant en être quittes pour cela ; mais ce fut bien autre


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