Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS.

Cuba, devant le port de la Boca-de-Caravelas, où il vient des barques pour charger des cuirs, du sucre, de la viande et du tabac, et les porter à la Havane, ville capitale de cette île, afin d'avitailler les flottes q u ' o n entretient pour l'Espagne. Quelques aventuriers, ayant été avertis de son dessein, s'assemblèrent et le vinrent joindre au nombre de vingt-et-un h o m m e s , sans compter le chirurgien. Il les fit embarquer avec autant de munitions qu'il en put amasser, et ils se rendirent tous en peu de jours à l'île de Cuba, où ils furent découverts par quelques canots de pêcheurs ; mais ils en prirent un. Et, s'étant mis onze dans chaque canot, ils se retirèrent dans des petites îles, qui sont le long de cette côte, qu'on

nomme

Cayes-du-

Nord. Les deux canots s'écartèrent à quelque distance l'un de l'autre : chaque canot était assez fort pour se rendre maître d'une de ces barques, qui ne portent ordinairement que quinze ou seize h o m m e s sans armes. Cependant, ils furent là plusieurs mois sans pouvoir rien prendre, quoique ce fût dans le fort de la saison où ces barques naviguent. A la fin, ils apprirent q u ' o n avait eu vent de leur marche, que c'était pourquoi aucune barque n'osait ni sortir, ni entrer, qu'enfin les intéressés dans le c o m m e r c e avaient été se plaindre au gouverneur de la Havane, et le prier de remédier au mal en détruisant les ladrones. En effet, sur ces plaintes, le gouverneur avait envoyé une frégate légère, armée de dix pièces de canon et quatre-vingts hommes des plus robustes qui fussent à la Havane et qui jurèrent, en partant, de ne faire aucun quartier. L'Olonnais,

apprenant

ces

nouvelles,

dit à ses camarades :

« B o n ! mes frères, nous serons bientôt montés. » Ils se tinrent sur leurs gardes et, peu de jours après, ils aperçurent le bâtiment. Il vint mouiller dans une rivière d'eau salée, que les Espagnols n o m ment Effera, et les Français Efferre. La nuit m ê m e , nos aventuriers résolurent de l'attaquer: ils sortirent, le soir, de l'endroit où ils étaient cachés et ramèrent fort doucement le long de la terre, à l'abri des arbres qui bordaient la rivière. Dès la pointe du j o u r , charger les

ils commencèrent à

Espagnols des deux côtés, à coups de fusils. Eux,

faisaient bonne

garde,

leur

rendirent

qui

la pareille, quoiqu'ils ne les


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