Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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DAVID MANWELD.

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où se trouvent présentement ces contrées. Mais continuons l'histoire de nos flibustiers. Jean David, Hollandais, s'étant réfugié à la Jamaïque, a fait des actions assez hardies. Les places ordinaires, où il allait croiser, étaient la côte de Caraco, de Carthagène et Bocadel Tauro, à dessein d'attendre au passage les navires qui allaient à Nicaragua. Un jour, ayant manqué son c o u p , et longtemps battu la mer sans avoir rien pris, il résolut d'entreprendre une chose assez périlleuse avec son équipage, qui était en tout de quatre-vingt-dix

hommes.

C'était

d'aller dans le Lagon de Nicaragua, et de piller la ville de Grenade, qui est située sur ses bords. Il avait un Indien du pays qui promettait de l'y mener sans courir risque d'être découvert. Son équipage fut toujours prêt à le suivre et à exécuter tout ce qu'il voulait entreprendre. Les choses en cet état, il entra dans la rivière et monta jusqu'à l'entrée du Lagon, qui peut être à trente lieues de la mer. Là, il cacha son navire à l'abri des grands arbres qui sont sur le bord de l'eau ; il distribua quatre-vingts de ses gens dans trois canots, se mit à leur tête, et laissa dix hommes pour garder le vaisseau. Son dessein était

de

donner un assaut à la ville, vers le milieu de la nuit ; et il y réussit, car, en approchant, une sentinelle demanda qui c'était. Il répondit qu'ils étaient amis, et qu'ils venaient à la pêche. D e u x des siens, ayant sauté à terre, tuèrent la sentinelle, et c o m m e le guide qu'ils avaient savait le pays, il les menait par un petit chemin couvert droit à la ville, pendant qu'un autre Indien menait les canots à un lieu o ù ils devaient se rassembler et porter leur butin. Lorsqu'ils furent arrivés dans la ville, ils se séparèrent; l'Indien alla frapper à la porte de quelques b o u r g e o i s : ils ouvrirent, on les saisit à la gorge, et ils donnèrent vite tout ce qu'ils avaient pour conserver leur vie. On alla ensuite éveiller les sacristains des principales églises, on prit les clefs et on pilla tout ce qu'on crut pouvoir emporter d'argenterie. Ce pillage sourd durait déjà depuis deux heures, lorsque domestiques

échappés

des mains des

aventuriers,

quelques

publièrent

que

l'ennemi était dans la ville, sonnèrent les cloches et crièrent aux armes.


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