Les aventuriers et les boucaniers d'Amérique

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HISTOIRE DES AVENTURIERS,

du vaisseau, se mirent derrière, et commencèrent à faire f e u ; ils ne tirèrent pas un c o u p sans tuer quelqu'un, si bien qu'en quatre ou

cinq

heures, ils mirent l'Espagnol hors d'état de résister. Alors ils tentèrent une seconde fois de monter à bord, ce qui leur réussit. Ils se rendirent maîtres du navire avec perte de dix h o m m e s seulement et de quatre blessés; en sorte qu'ils n'étaient plus que quinze avec le chirurgien pour gouverner

ce navire,

qu'ils trouvèrent monté de

vingt pièces de canon et de soixante-dix h o m m e s , dont il ne restait plus que quarante en vie, la plus grande partie blessée, hors de combat. Ils jetèrent les morts dans la mer et mirent les sains et les blessés dans leur barque, qu'ils leur donnèrent pour retourner chez e u x ; après quoi, ils se mirent à raccommoder les cordages et les voiles, et à compter le butin qu'ils avaient fait. Ils trouvèrent 75000 écus et 120000 livres de cacao, qui pouvaient encore valoir 5 o 000 écus. Après avoir mis le navire en état de naviguer, ils firent route pour l'île de la Jamaïque; mais un vent contraire, qui ne leur rendit pas le c o u rant plus favorable, les obligea de relâcher au cap de Saint-Antoine, qui est la pointe occidentale de l'île de Cuba, où ils prirent de l'eau, dont ils avaient besoin. Le mauvais temps passé, ils remirent à la voile. Quelque temps après, ils aperçurent trois navires qui leur donnaient la chasse, et le leur, extrêmement chargé, ne put pas les sauver danger.

C'étaient

des

navires espagnols, armés

du

moitié en guerre et

moitié en marchandises, et il fallut que notre aventurier se rendît à e u x : il fut fait prisonnier lui et tous ses gens. C o m m e il parlait espagnol, il s'adressa au capitaine du vaisseau sur lequel o n l'avait mis. Il en fut fort bien traité; on le mena avec tout son équipage et son butin en la ville de Santo-Francisco de Campêche, qui est une ville maritime de la péninsule de Yucatan, où chacun félicita le capitaine espagnol d'avoir fait une si belle prise. Mais un marchand, qui était de ce nombre, ayant reconnu Barthélémy,

le demanda pour le

mettre entre les mains de la justice, l'accusant d'avoir fait à lui seul plus de mal aux Espagnols que tous les autres aventuriers ensemble. Et sur le refus qu'en fit le capitaine, il alla au gouverneur,

qui le

demanda au n o m du roi. Le capitaine, obligé de livrer son prisonnier,


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