Histoire des colonies françaises

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L'INDE

ET L'OCÉAN

INDIEN

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en assez piètre état. Mais il avait bien jugé de la situation de la place, qui lui semblait heureusement située pour profiter des divisions des indigènes. Il reprit pied plus au nord, à Mazulipatam, puis sur la côte du Bengale, et d'autre part au Sud, non pas à Karikal, mais à Caveripatam, où il c o m p tait acheter les toiles blanches de l'Inde et le poivre du Malabar. Enfin, Fr. Martin se préoccupait de mettre Pondichéry en état de défense. Il fit preuve, dans des tâches si diverses, d'étonnantes qualités; « négociant habile, b o n politique, ingénieur et h o m m e de guerre », il semblait fait pour répondre à l'objet multiple de ces Compagnies « souveraines » qui devaient à la fois créer et administrer de véritables colonies, et y commercer. Cependant, en 1689, éclatait la guerre avec la Hollande. Il aurait fallu qu'une flotte vînt soutenir Pondichéry; or, c'est seulement en 1692 qu'arrivèrent trois vaisseaux qui n'eurent pas grande action. Fr. Martin tenta vainement de défendre la place dont les indigènes vendaient le territoire à nos ennemis; il dut capituler. Surate avait, en même temps, décliné : le comptoir s'était ressenti des troubles qui se manifestaient dans l'empire du Grand Mogol. Les seuls établissements de quelque importance qui nous restaient étaient ceux du Bengale. Fr. Martin gagna Chandernagor qui avait été fondée en 1790. La Compagnie était très atteinte, et le redoublement de protectionnisme de la Métropole arrêtait ses affaires. Enfin, la guerre allait éclater à nouveau. C'est miracle que, dans de telles conditions, Fr. Martin ait pu faire prospérer ses comptoirs. A u Bengale, Chandernagor, Balassor et Ougly se développaient pourtant. La paix de Ryswick nous avait rendu Pondichéry. Fr. Martin y revint et travailla à donner à la ville une prospérité nouvelle. Il sut y attirer une population hindoue de 50.000 âmes; un petit Etat s'y créa, avec ses institutions, ses revenus, ses monnaies; un Conseil Supérieur y fut institué. François Martin mourut en 1706, après avoir achevé


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