Histoire des colonies françaises

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LES

AMÉRIQUES

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deloupe. La première était depuis 1714 le siège du Gouvernement général des îles françaises du V e n t ; on y comptait 6.000 blancs et 16.000 noirs. La Guadeloupe comptait 4 milliers des uns et des autres. Le commerce des deux îles équivalait à douze fois celui du Canada. Déjà elles constituaient une des plus riches possessions coloniales qui fussent au m o n d e . Saint-Domingue enfin prend brusquement un essor presque incroyable. Elle est aussi le siège d'un Gouvernement général : celui des « îles sous le Vent »; elle c o m p t e 130.000 âmes, d o n t 100.000 esclaves et est demeurée en partie espagnole. (Le tiers occidental de l'île devait nous être reconnu par le traité de Ryswick en 1697). Les deux groupes d'îles deviennent en même temps la terre d'élection du « Système colonial » tel qu'il a été défini. On continuait à y cultiver surtout la canne à sucre et l'indigo; on devait y ajouter à partir de 1760 le coton et un peu plus tard (1782) le café, dont, selon la tradition, le capitaine de Clieux avait rapporté à la Martinique un pied que Jussieu lui avait remis au Jardin des Plantes de Paris. Le régime était forcément devenu celui de la grande p r o priété, en raison de ces cultures industrielles; des esclaves noirs fournissaient la main d'œuvre et l'on en amena vers cette époque (1720-1740) jusqu'à 4, 5 et 6.000 par an. D'autre part les îles, par leurs importations d'objets fabriqués, étaient devenues les meilleures clientes de la métropole. La guerre de succession d'Autriche (1739-1748) mit en évidence l'importance stratégique de Saint-Domingue et fut marquée par un événement économique important : c o m m e la liberté des mers n'existait plus, on permit l'introduction aux Iles des marchandises étrangères. C'était une première brèche au système de l'exclusif (1744). La prospérité des Iles continuait à croître, mais pendant la guerre de Sept ans (1756-1763), où la France ne songea guère qu'au Canada, la Guadeloupe, puis la Martinique furent la proie des Anglais. Le traité de Paris nous laissa la Guadeloupe et, quelques-unes des petites Antilles dites


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