Histoire des colonies françaises

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AMÉRIQUES

J . Cartier rentra en France en 1536, après un pénible hivernage où ses hommes souffrirent du scorbut. Mais l'expédition avait découvert « une aussi bonne terre qu'il soit possible de voir, pleine de fort beaux arbres de la nature et sorte de France, tels que chênes, ormes, frênes, noyers, ifs, cèdres, vignes, aubépines et autres arbres... »; elle avait su s'attirer par de bons procédés et de menus cadeaux, la sympathie des indigènes qui, à l'arrivée du bateau de Cartier, demeuraient toute la nuit au bord du fleuve « faisans plusieurs feux et danses, en disant à toutes heures A g u y a z e , qui est dans leur dire de salut et j o y e » ; elle ramenait avec elle plusieurs de ces « sauvages » qu'il paraissait aisé d'apprivoiser. C'est seulement quatre ans après que François I , pris jusque-là par les affaires du continent, p u t continuer à s'occuper de l'Amérique. E n 1540, il invitait les armateurs de nos ports de l'Ouest à apporter leur concours à l'entreprise de J . Cartier. C'était bien, cette fois, de la colonisation qui était envisagée. er

Un gentilhomme picard, J . F. de la R o q u e , seigneur de R o b e r v a l , qui paraissait d'ailleurs plus préoccupé de mines d'or et de pierres précieuses que de cultures, s'intéressa au projet. Il fut n o m m é lieutenant général de la NouvelleFrance, et J . Cartier lui fut adjoint c o m m e capitaine général et maître-pilote. On obtint du roi 45.000 livres pour les premiers frais, et le droit de choisir pour les emmener un certain nombre de condamnés à m o r t ou à « d'autres peines ». Cartier partit le premier, parvint à Sainte-Croix et construisit un poste fortifié qu'il appela Charlesbourg R o y a l . Puis il revint bientôt seul, et évitant R o b e r v a l ; il rapportait des minéraux qu'il croyait être des richesses, et qui devaient, plus tard, à l'époque industrielle, en devenir en effet : c'étaient du cuivre et du mica, qui avaient alors peu de prix. Roberval, laissé seul, échoua complètement et ne sut pas amorcer le commerce avec les indigènes. Les projets d'installation sur les rives du Saint-Laurent furent, dès lors, abandonnés pour un demi-siècle.


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