Histoire des colonies françaises

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L'EMPIRE

COLONIAL

D E LA FRANCE

MODERNE

Champlain, qui avait débuté dans la carrière de marin par un voyage dans le golfe du Mexique écrivait en 1600 : « Un petite rivière vient des montagnes et descend à Portovella, laquelle est à quatre lieues de Panama. L'on peut juger, si ces quatre lieues de terre étaient coupées, l'on pourrait venir de la mer du Su à celle de delà ». Au début de la colonisation des Antilles, des aventuriers qui s'étaient installés au Darien furent rappelés. Mais au xviii e siècle, des Français s'y portent à nouveau: il y eut même en 1750 un « Commandant de la rivière du Tigre ». Il est probable que la fièvre jaune empêcha la colonisation de s'y développer. Le pays resta à la Colombie. Mais l'idée du percement de l'isthme persista. Pendant tout le xix e siècle, tant en France qu'aux Etats-Unis, on s'en préoccupa. Les Français avaient toujours envisagé l'exécution du canal à Panama; une concession avait été obtenue du gouvernement colombien de qui relevait cette partie de l'isthme, en 1838. Guizot fit étudier sérieusement le projet en 1843 par des ingénieurs qui choisirent la baie de Limou, pour point de départ du canal. En 1847, le gouvernement français obtint la concession d'un chemin de fer traversant l'isthme de Panama à Colon, mais ne la conserva pas. La ligne fut cependant ouverte en 1855. Les Etats-Unis de leur côté avaient étudié la question et ces travaux avaient abouti en 1876 à un projet empruntant le Nicaragua, où un lac assez étendu pouvait être utilisé. Le gouvernement français reprit alors la question; un comité fut formé, dont F. de Lesseps fut nommé Président et qui fit étudier à nouveau l'emplacement de Panama et l'isthme de Darien. Deux ans plus tard une loi colombienne accordait à un syndicat français la concession du canal. Celle-ci fut cédée à la Société civile internationale du canal inter-océanique, dont F. de Lesseps alors âgé de 73 ans consentit à prendre la présidence. La Société fit examiner encore par un congrès international les deux solutions du Nicaragua et de Panama; celle-ci quoiqu'un peu plus chère fut recommandée à une grande majorité. Le coût du projet était alors évalué à 1.070 millions de francs or et le coût de la solu tion du Nicaragua à 770 millions. Pour des raisons que l'on aperçoit mal, peut-être pour ne pas effrayer le public, l'évaluation de la solution de Panama fut successivement réduite: par une commission technique à 843 millions et par les premiers entrepreneurs à 512 millions. Cette sousestimation devait être une imprudence fatale qui se répéta plus tard, au moment de l'abandon des travaux, et c'est d'ailleurs tout ce que l'on devait plus tard reprocher à M . de Lesseps. L'esti-


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