Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

a u t r e m e n t que par sa supériorité à laquelle ne p o u r r o n t j a m a i s a t t e i n d r e ceux qui le décrient, Vous n'êtes point étonnée, n'est-ce pas? de m ' e n tendre parler ainsi d ' A r m a n d ? Il est Haïtien comme moi et, quoiqu'il arrive, je ne m a n q u e r a i jamais de le défendre. E t puis, vous le savez, je lui ai de grandes obligations. Que serai-je devenue sans lui, à m o n arrivée à la Guadeloupe? Il m ' a guidée, il m ' a créé des relations aimables, enfin il a été pour moi un protecteur, un ami, presque u n frère. Mme Williams, nous croyons l'avoir déjà dit, causait avec un grand c h a r m e . Son petit air m u tin, ses y e u x noirs éveillés, sa vivacité c h a r m a n t e , fascinaient tous ceux qui l'approchaient. Mimi subissait l'influence et se sentait attirée vers elle, lui s a c h a n t gré de prendre, ainsi qu'elle v e n a i t de le faire, la défense d ' A r m a n d . Elle g o û t a i t u n vif plaisir à l'entendre et, c o m m e un air bienfaisant, aspirait, si nous pouvons ainsi nous exprimer, la moindre de ses paroles. — A propos, fit t o u t à coup l'Haïtienne, seraitce vrai, chère Mimi, ce que j ' e n t e n d s dire? — Quoi donc? d e m a n d a la jeune fille anxieuse. — Vous ne m ' e n voudrez pas, je l'espère? — Quel effrayant secret allez-vous donc me dévoiler? — C'est que... je n'ose... — Parlez, au contraire, chère m a d a m e . Ne voyez-vous pas que vous me m e t t e z sur des charbons a r d e n t s ? — Vous le v o u l e z ? eh bien, t a n t p i s ! On


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