Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

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Mimi s'inclina et allait répondre, lorsque Mme Williams lui d e m a n d a si elle s'était bien amusée au bal d o n t elle venait d'évoquer le souvenir. — Oh ! oui, fit-elle et son regard s'éclaira soudain d'une clarté joyeuse. — On vous a beaucoup admirée. Savez-vous, chère Mimi, que vous dansez à ravir? Hier encore, d e v a n t moi, M. J a c q u e m i n ne tarissait pas d'éloges sur votre compte. La jeune fille baissa les yeux, rougissante, cherc h a n t à dissimuler le trouble qui s'était emparé d'elle au seul nom d ' A r m a n d . Mme Williams s'en a p e r ç u t et continua : — N'est-ce pas qu'il est c h a r m a n t , mon jeune compatriote? N'est-ce pas qu'il est distingué, spirituel, accompli? Mimi ne savait que répondre, ou plutôt les paroles expiraient sur ses lèvres. Son e m b a r r a s n ' é t a i t que t r o p pénible. — Vous ne dites m o t ? reprit Mme Williams. Ne partageriez-vous donc pas l'opinion que je viens d'émettre? — Au contraire, fit v i v e m e n t Mlle Savigny, je... Elle allait continuer, mais elle s'arrêta comme honteuse d'en avoir trop dit. — A la bonne heure, s'écria Mme Williams, à la bonne heure ! Voyez-vous, ma chère enfant, je sais qu'on n ' a i m e pas J a c q u e m i n . Après avoir été porté a u x nues, après avoir été presque un Dieu pour tous nos jeunes Pointus, on semble m a i n t e n a n t lui en vouloir? Pourquoi? J e ne saurais l'expliquer


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