Mimi : moeurs guadeloupéennes

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LA VENGEANCE DE MADAME WILLIAMS

On dansait, ce soir là. Un orchestre d ' a m a t e u r s : piano, violon, flûte et piston, jouait une valse de Strauss ou de Métra d o n t le r h y t h m e . berceur était d'une souplesse pleine de langueur. Un frisson de plaisir semblait planer sur le salon resplendissant de lustres et de glaces. Cependant, dans une pièce a t t e n a n t e à celle où l'on dansait, les m a m a n s s'étaient réfugiées. Les unes avaient conservé la tête classique; les a u t r e s , plus aristocratiques, pour ne pas causer de honte à leurs filles où à leurs fils, avaient délaissé le Madras ou le des Indes et m o n t r a i e n t leurs rares chev e u x . Ainsi réunies, elles formaient un respectable groupe, curieux à examiner. Le cou t e n d u , les y e u x allumés, l ' a t t i t u d e contrainte, à voix basse, elles jacassaient, médisaient, se c o n t e n t a n t ainsi du seul régal que leur permît leur âge. — Mais, m u r m u r a i t Madame Polidon, c o m m e n t fait-elle donc, cette m a d a m e Williams, pour rece-


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