Mimi : moeurs guadeloupéennes

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exhalent, vous éclatez de rire ! De quel étrange mystère êtes-vous donc pétris? — Que dites-vous là t o u t bas, A r m a n d ? dem a n d a Mimi qui, depuis un m o m e n t , suivait le m o u v e m e n t des lèvres du jeune h o m m e , et l'écoutait sans pouvoir le comprendre. — J e me disais que l'amour est étrange, aveugle et que vous me flattez beaucoup t r o p , Mimi, — Quoi? c'est là t o u t ce que vous disiez? — Non, ce n'est pas t o u t , car je me disais encore que vous m ' a v e z prié de vous c h a n t e r RappelleToi et qu'il fallait m'empresser d'acquiescer à v o tre prière. Tandis que Mimi posait ses deux mains sur l'épaule d ' A r m a n d et le regardait de ses y e u x noirs passionnés, le jeune h o m m e se m i t à c h a n t e r t o u t bas, bien bas, comme Mimi le lui a v a i t r e c o m m a n d é cette romance dans laquelle un grand poète et u n grand musicien ont mis t o u t e leur âme et qui t r o u vera toujours un écho s y m p a t h i q u e d a n s les c œ u r s a i m a n t s et m a l h e u r e u x . Mais l'heure de la séparation était arrivée. Elle sonnait, lente et triste, à l'horloge de l'église. Nos jeunes gens se regardèrent et une ombre de chagrin passa dans leurs yeux. Quoi! déjà! il fallait se sép a r e r ! ne plus se revoir j u s q u ' a u l e n d e m a i n ! A r m a n d se leva et alla saluer Mme Savigny. Celle-ci, on l'a vu, n ' a v a i t pris aucune p a r t à la conversation des deux a m o u r e u x ; elle avait s e m blé m ê m e n ' y prêter la moindre a t t e n t i o n . T a n t ô t a g a ç a n t l'oiseau au brillant plumage qu'elle avait d e v a n t elle, t a n t ô t les yeux perdus au pla-


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