Mimi : moeurs guadeloupéennes

Page 43

MIMI

39

blante, craintive comme celle d'un enfant, a v a i t balbutiées t o u t bas, ces paroles étaient un b a u m e magique et plein de douceur qui rafraîchissait et raffermissait son âme. A i m e r ! être a i m é e ! quelle plus douce joie! Des perspectives infinies s'ouvraient d e v a n t elle. Aimer ! n'était-ce pas une vie nouvelle qui lui souriait et lui t e n d a i t les bras? Ebranlée par toutes ces pensées, Mimi a v a i t des envies folles de se lever, de courir vers ceux qui, là-bas, ivres de plaisir, ne s'étaient pas aperçus de son absence et de leur crier : « A r m a n d est à moi, je l'aime, je l'adore, il fait m a joie et m o n orgueil ». Maintenant, ce n ' é t a i t plus la biguine que l'on dansait. Sur l'avis de La Ficelle, on a v a i t formé une ronde et tous ces grands enfants, les y e u x brillants, les cheveux au vent, aspirant, j u s q u ' à l'ivresse, l'air chargé de saines effluves, c h a n t a i e n t à pleine voix : Papa m'défend d'aller z'au bois, Maman m'défend d'aller z'au bois, Voilà c'que c'est d'aller z'au bois, Noun n'irons plus z'au bois, Les lauriers sont coupés ! J'ai entendu l'tambour qui bat, C'est mon amant qui m'appelle... Baisez qui vous plaira Pour soulager v o t r ' c œ u r - r e Cavalier, pardonnez-moi Si j ' a i baisé Camille... Mam'zelle entrez dans la danse, Examinez la cadence


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.