Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

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— Mademoiselle est v o t r e fille? d e m a n d a Arm a n d qui v o y a i t l'embarras de Mimi. — Que je suis étourdie! s'écria Mme Savigny. Un bien vilain défaut, n'est-ce pas, monsieur, à mon âge? Oui, c'est m a fille Noémie. J ' a v a i s oublié de vous la présenter, monsieur. Elle est m o n unique enfant... A r m a n d s'inclina. Lui qui savait si bien t o u r n e r un compliment ne t r o u v a rien à dire. C'est que la beauté sereine de la jeune fille en imposait. Il n ' a v a i t pas été sans r e m a r q u e r le coup d'oeil furtif que Mimi avait laissé t o m b e r sur lui ; il l'avait v u e , p e n d a n t qu'il c h a n t a i t , pensive et mélancolique. Elle a v a i t produit en lui comme u n e révolution. Aussi, se d é r o b a n t a u x compliments flatteurs de ceux qui l'entouraient, était-il venu prier Madame Savigny — qu'on lui avait dit être la mère de Mimi — de vouloir bien lui faire l'honneur d'accepter son bras pour la reconduire chez elle. Madame Savigny n ' a v a i t pas cru devoir décliner l'offre gracieuse d ' A r m a n d . Elle l'avait, au contraire, agréée avec empressement. Quand Mimi fut seule dans sa c h a m b r e , c'est en vain qu'elle y chercha le repos. Elle d e m a n d a à son lit le sommeil, et le sommeil s'enfuit loin de ses y e u x ; elle éteignit sa lampe, et l'image d ' A r m a n d la poursuivait dans l'obscurité. De guerre lasse, elle alla à la fenêtre, l'ouvrit, t o u t e p a l p i t a n t e des émotions qui l'assaillaient, sa poitrine se soul e v a n t et s'abaissant t o u r à t o u r ; mais, accoté à la maison d'en face, un h o m m e était là, debout, qui, l'apercevant, t e n d i t vers elle ses deux mains dans


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