Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

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— Tiens, Mimi, entends un peu cette grande nigaude ! Elle dit que rien n ' a été négligé ! Ah ! mon Dieu, Seigneur! N'est-elle pas bête à m a n g e r du foin ! E t elle passait, h a u s s a n t ses épaules d'un geste de pitié indignée. Cet après-midi, Julien, assis à son bureau, était occupé à écrire a u x nombreuses connaissances qu'il s'était faites au cours de ses voyages, lorsqu'il entendit frapper légèrement à la porte de sa c h a m b r e . Se r e t o u r n a n t , a v a n t qu'il eut prononcé le sacramentel : E n t r e z ! la porte s'ouvrit p o u r livrer passage à Mimi. Elle était v ê t u e d ' u n e souple gaule de percale fine qui dessinait a d m i r a blement les contours h a r m o n i e u x de sa taille svelte et élancée. Elle était plus ravissante que jamais sous ce simple costume. Il se leva, v i n t à sa rencontre et la jeune fille, a p p u y a n t sa m a i n sur l'épaule de Julien le r e g a r d a n t avec un gai sourire, lui dit : — Ma visite a t o u t lieu de vous étonner, n'estce pas, monsieur Julien, vous ne m ' a t t e n d i e z pas, j ' e n suis sûre? Mais il m ' a été impossible de résister au désir de vous faire cette petite visite. Ne m'en veuillez pas de mon i m p o r t u n i t é et si... je vous dérange dans vos graves occupations, ajouta-t-elle sur un ton c h a r m a n t où perçait une légère n u a n c e d'ironie. — Votre visite m ' é t o n n e , mademoiselle, vous me le dites ; mais q u a n t à me surprendre, c'est t o u t j u s t e m e n t le contraire : je l ' a t t e n d a i s . Vous le voyez, q u a n d vous êtes entrée, j ' é t a i s à écrire.


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