Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

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le ciel d'un bleu intense, d'un bleu féerique, le soleil s'avançait, majestueux, d o r a n t de ses r a y o n s les sommets de nos m o n t a g n e s , r é p a n d a n t p a r t o u t ses rayons déjà chauds. Les c h a m p s de c a n nes a u x v e r t s panaches, ondulaient sous la brise, les maniocs au feuillage vert sombre et v e r t gris, les bananiers d o n t les larges feuilles distillaient la rosée du m a t i n , les majestueux manguiers sous lesquels on trouve toujours un reposant abri, les h a u t s palmistes qui s'élèvent j u s q u ' a u ciel, les t a mariniers d o n t les feuilles t r e m b l e n t comme si elles pressentaient l'orage, les fleurs a u x corolles embaumées, les rivières, les ravines profondes, les ruisseaux, t o u t semblait s'unir pour c h a n t e r un h y m n e au soleil. Au loin, la mer, sur laquelle on distinguait les navires toutes voiles dehors gagner le large, les barges, les pirogues, les b a t e a u x , quitt a n t leur port d ' a t t a c h e , voguaient vers la Pointeà-Pitre qui apparaissait là-bas inondée de rayons, dans l'éclat de sa joie, — la mer, disons-nous, se m o n t r a i t alors dans t o u t e sa royale b e a u t é , empourprée des feux du soleil l e v a n t ; doucement, elle respirait au large, ainsi q u ' u n e musique caressante et l'on sentait un rythme mélodieux qui m o n t a i t des vagues teintes en rose. — Monsieur Julien, dit t o u t bas Mimi, d'une voix pleine d'émotion, j ' a i une faute à me faire pardonner. — Vous, mademoiselle, fit-il, étonné? — Oui, moi, dit-elle en souriant, vous ne vous en souvenez plus? — Ma foi, n o n ! J ' a i beau rappeler mes souve-


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