Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

Un m a t i n , Mme Minglèche, Mimi, Julien se rendirent au « convoi » que le père Gilot faisait pour l'enlèvement de ses cannes et auquel il a v a i t convié t o u s les cultivateurs ses voisins et amis. Il s'agissait d'un hectare de cannes que l ' h a b i t a n t , pressé, d e m a n d a i t aussitôt et qu'il fallait couper, troncer, en faire des p a q u e t s , les disposer ensuite sur des cabrouets. On se rendit donc à l'appel du père Gilot. On c o m m e n ç a le travail de grand m a t i n , c o m m e on dit au divant jou. E t c o m m e n t pouvait-il en être a u t r e m e n t ? Le père Gilot était connu, apprécié, aimé de t o u s ses voisins. Il était toujours le premier rendu a u x « convois » du voisinage, et il y allait le coutelas en main q u a n d il s'agissait « d'habituer », sa houe de l ' a u t r e lorsqu'il fallait sarcler ou piquer des t r o u s pour planter les pieds de « racines ». L'usage du « convoi » r e m o n t e au commencem e n t de la liberté, c'est-à-dire en 1848. Les cult i v a t e u r s , les p e t i t s propriétaires comprirent alors qu'il fallait se solidariser afin de s'aider mutuellem e n t à cultiver les terres qu'ils a v a i e n t acquises ou celles qu'ils possédaient déjà. Il n ' é t a i t pas question encore de se syndiquer. On travaille vite et gaiement lorsqu'on est à plusieurs; puis ce qui se prête a u j o u r d ' h u i ne sera-t-il pas rendu d e m a i n ? De bon cœur, on allait chez le voisin lui offrir le secours de ses bras, de son activité, de son t r a v a i l , certain à l'avance que, le m o m e n t v e n u , il vous rendrait la pareille avec le m ê m e empressement. Q u a n d Mme Minglèche, Mimi et Julien arrivèrent sur les lieux, la pièce de cannes était déjà


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