Mimi : moeurs guadeloupéennes

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MIMI

en allant à l'église le dimanche, au P e t i t Bourg, les jeunes gens dire : « Elle est r u d e m e n t gentille! » Avec sa robe de percale à petites raies, parsemée de fleurs, qui l'ajustait bien, lui seyait à r a v i r ; son joli foulard r o s e noué sur la t ê t e , ses bras blancs c o q u e t t e m e n t tirés, ses bottines de Suzer, à son cou une fine chaîne en or, cadeau de Mme Minglèche, son paroissien d'une main, son en-cas de l'aut r e , elle é t a i t v r a i m e n t belle, la m i g n o n n e , et, sous son sourire de fleur à peine épanouie, lui arrivaient t o u s les propos flatteurs q u ' o n ne p o u v a i t s'empêcher de dire en la v o y a n t passer. Comme t o u s nos créoles, elle aimait é p e r d û m e n t la danse. C'était à u n e de ces « sauteries » qui suivent toujours la fin d ' u n e « collation », q u e Marianne a v a i t connu Gilles Manqueno. Ils s'étaient plu à première v u e , n ' a v a i e n t pas t a r d é à s'aimer et à devenir fiancés. Gilles, quoique fils u n i q u e d o n t les p a r e n t s jouissaient d'une certaine aisance, a v a i t voulu s'acquérir p a r lui-même, du fruit de son t r a v a i l , u n e portion de t e r r e qu'il a v a i t achetée t o u t près de « Mon B o n h e u r ». Charpentier de maisons, il a v a i t obtenu d'un des propriétaires du voisinage l'autorisation de faire des « bois » d a n s la p a r t i e de la forêt qui lui a p p a r t e n a i t . Voilà pourquoi sa case était construite avec le pois d o u x m a r r o n , le t e n dre-à-caillon, le b a l a t a s , le poirier gris, l'acomas « le roi de nos arbres à bâtir » (1); elle était recouv e r t e d'aissantes du p a y s ; la cuisine, la case à p l a -

(1) J.

Ballet.

La

Guadeloupe.


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