Histoire de Surinam

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rendirent à Paramaribo, où un» partie d'entr'eux passait le temps dans le désœuvrement, sonffrait souvent de pauvreté, de sorte que pour ces hommes la liberté était loin d être un bienfait. De nombreux propriétaires arrivèrent vite par leur faute à de grandes difficultés. Dans la crainte d'être ruinés par l'Emancipation ils n'avaient, durant la période qui l'a immédiatement précédée, presque plus dépensé un seul sou pour leurs plantations, se bornant à récolter tout ce qu'elles pouvaient produire. Les importantes sommes qu'ils avaient reçues pour leurs esclaves furent, en dehors de la colonie, affectées à d'autres besoins de sorte que, souvent, ils furent gênés pour payer les salaires de chaque semaina, et durent, à cette fin, emprunter de l'argent à des conditions très onéreuses. Cela alla finalement si loin que leurs plantations retombèrent aux mains des spéculateurs qui au reste ne tardèrent pas à poursuivre là encore leur œuvre de destruction. Mais l'affranchissement des esclaves a été de haute signification pour l'histoire . Ainsi les Frères Moraves et les ecclésiastiques romains n'ont plus été contrariés dans leur noble tâche de civiliser les nègres païens. Loin de rencontrer de l'opposition, ces communautés furent, pour se charger de l'instruction des enfants des anciens esclaves, appelées à jouir de l'assistance pécuniaire du Gouvernement. Cependant les dix ans de « surveillance d'état » (1863-1873) sont peut-être les plus malheureux de l'histoire de Surinam ; le commerce et l'agriculture dépérirent, la plus grande partie de la population vécut dans des embarras pécuniaires et le besoin de bras se fit sentir chaque jour plus grandement. Une tentative faite en 1865 pour introduire de nouveaux travailleurs chinois de Macao échoua presque complètement, car sur les 400 engagés et plus qui se mirent en route pour Surinam, plus de la moitié succombèrent au cours du voyage, § 77. — C'est sous le gouvernement de Van Lansberge que fut également introduite une grande réforme du régime politique de la colonie. Le règlement organique de 1832 avait fait son temps et fut alors remplacé par un nouveau, grâce auquel la population obtenait son autonomie par l'institution d'une assemblée coloniale. C'est à Van Lansberge qui. déjà par l'excellente manière dont s'est effectuée l'abolition de l'esclavage, avait tant de titres à la reconnaissance de la colonie, que Surinam est encore redevable d'avoir été doté d'une représentation coloniale. Il avait, en effet, à plusieurs reprises, insisté sur ce point auprès du département et exprimé la conviction que la colonie était, à ses veux, mûre pour cette réforme. C'est le 1er janvier 1866 que se réalisa cette réforme de self-gouvernement par l'institution des c Etats Coloniaux ». Le Conseil colonial fut remplacé par un « Conseil d'administration. Sauf le droit pour le gouvernement métropolitain de rédiger également des lois pour la colonie, le pouvoir législatif passa aux mains du Gouverneur et des Etats coloniaux.


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