Histoire de Surinam

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esclaves qui étaient emmenés comme portefaix que Steenberghe se vit obligé de battre en retraite en toute hâte. Cet incident causa une grande consternation. Si au lieu de troupes armées, le gouverneur avait chargé de simples citoyens de remplir au camp de Broos cette mission de paix, il eût certainement épargné beaucoup de chagrin, et prévenu une inutile effusion de sang. Malheureusement on ne pense pas à tout. La nouvelle de l'échec de Steenberghe était à peine connue que le Gouverneur envoyait sur les lieux, le 2 novembre, les divisions de débarquement du « Zoutman » et du » Amstel » pour, en liaison avec les troupes de Steenberghe, châtier les Marrons. Mais celui-ci était à peine entré dans le bois que les Marrons cachés derrière les arbres et les arbrisseaux, attaquaient les militaires et jetaient uns grande confusion dans les rangs des soldats. Bientôt on cometait (plusieurs blessés et 2 tués, parmi lesquels l'aspirant de 1ère classe « F. Smit Van den Brocke. » Le commandant ne perdit cependant pas courage ; il rétablit vite l'ordre parmi ses troupes ; ouvrant une vigoureuse fusillade et canonnade dans la direction d'où il avait été tiré sur les soldats, il marcha en avant jusqu'à ce qu'un grand et profond marais l'empêchât d'aller plus loin. Les Marrons, après avoir pendant quelques instants riposté au feu des blancs, avaient d'ailleurs jugé prudent de déguerpir. Steen berghe fit battre inutilement le bois dans tous les sens ; il vit bien une petite mare de sang, mais de tués ou de blessés, il n'en rencontra nulle part. 11 cessa alors les opérations militaires et retourna à Paramaribo. Après l'émancipation, Broos ayant eu, par les explications du Frère Morave « Drexler, » connaissance du but de la première expédition, fit alors sa soumission à l'autorité, en exprimant ses plus profonds regrets de ce qui était arrivé. Il dut pourtant remettre les esclaves qui, durant les trois années qui précédèrent l'émancipation, avaient cherché refuge auprès de lui. Ceux-ci durent se soumettre aux stipulations de la loi sur l'affranchissement. Surinam était dès lors définitivement délivré des Marrons qui. durant environ deux siècles, avaient, par leurs invasions et leurs pillages, causé à la colonie un dommage incalculable. § 76. — Le Gouvernement, craignant pour la date de l'affranchissement un soulèvement général des esclaves, avait fait renforcer la garnison des forts et envoyé dans la colonie 5 navires de guerre parmi lesquels le Zoutman et l'Amstel. Cette crainte était sans fondement. Le 1er juillet 1863 (I), 21 coups de canon du fort Zeelandia annoncèrent 1 Ce jour là, la chansonnette caractéristique suivante fut psalmodiée par les émancipés, avec des cris de joie le long des roules de Paramaribo : Eerste Juli ketie kotie; Vefie hondro den no wani, Sieksie hondro a no nofo Ma drie hondro den moesoe teki Katibo no dé moro Ce qui signifie :


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