Histoire de Surinam

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QUATRIÈME PÉRIODE De l'Affranchissement des esclaves (1863) à l'année 1922.

XX. — De l'Emancipation ou Affranchissement des esclaves et de ses conséquences pour la Colonie § 75.— Alors que, depuis 1883, juste trois jours avant la mort deWilliam Wilberforce, qui témoigna de tant de zèle en faveur de l'affranchissement des esclaves, l'esclavage, sur la proposition de Lord Stanley, était aboli dans toutes les colonies anglaises, la question, soumise en Hollande, depuis 1853, à l'examen d'une commission d'Etat, n'avançait que lentement. Ce n'est qu'après le rejet de plusieurs propositions reconnues «L'une application impossib'e qu'enfin fut faite, en 186l, une proposition nouvelle, laquelle, soumise à l'agrément des Etats Généraux, fut aussitôt convertie en loi. Il lut par suite décidé que l'affranchissement aurait lien le 1er juillet 1863 et que les propriétaires d'esclaves recevraient une indemnité de 300 florins par tète d'esclave libéré. Par proclamation du 4 octobre 1862, Van Lansberge invita la population locale à se conduire tranquillement et régulièrement en attendant la date où les fers cruels de l'esclavage allaient être brisés pour toujours. Ainsi, dans peu de mois, l'émancipation des noirs de Surinam, depuis si longtemps promise et continuellement différée, allait être un fait accompli, et l'année 1863 verrait naître pour eux un bonheur dont les esc avts de Demerara jouissaient depuis 1838 et ceux de Cayenne depuis 1848. Mais il en était plus que temps 1 Les esclaves, fatigués du joug de l'esclavage tt déçus par l'ajournement continuellement renouvelé de l'affranchissement cherchaient dans les bois, et en grandes masses, la liberté si ardemment dés rée, et, réunis aux Marrons appartenant au camp de Bross, situé au Surnaukreek, derrière Bac a Bac (ou Rorac) pillèrent, surtout en 1861, plusieurs plantations. C'est ainsi qu'un bon matin, le directeur de la . plantation Rac à Rac apprit à son étonnement, de quelques vieux nègres restés fidèles, que la presque totalité des esclaves s'était, dans la nuit enfuie vers le bois. Les propriétaires de Rac à Rac n'épargnèrent ni leur peine ni leur argent à 1 effet de ramener les esclaves fugitifs, mais ce fut en vain. Même la proclamation du 20 octobre 1862, aux termes de laquelle l'amnistie serait accordée à tous, n'amena aucnn résultat; les fugitifs avaient perdu toute confiance dans les blancs et ne pouvaient, dès lors, prêter l'oreille à cet appel. Le gouverneur résolut alors de faire ouvrir un chemin à travers bois derrière Rac à Rac et d'envoyer le capitaine Steenberghe, à la tète d un détachement de soldats, au camp de Bross, y apporter aux Marrons la nouvelle de leur prochain affranchissement. Ignorant le but de cette expédition et voyant marcher dans le bois des militaires armés, les Marrons ouvrirent, à l'improviste, une forte fusillade contre ces messagers de paix, dont les armes sur la recommandation du Procureur général Gefken n'étaient même pas chargées. Cette attaque inattendue causa une telle confusion parmi les militaires et les


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