Histoire de Surinam

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— 35 jolie ville de plus de 1000 maisons, dont quelques-unes avaient coûté plus de 50.000 florins. La manière simple de vivre des premiers colons avait insensiblement subi un grand changeai rit. Dès le milieu du 18ème siècle, le plus grand luxe régnait dans la colonie. Les superbes et spacieuses maisons, dans lesquelles nombre de domestiques couraient d'une pièce à l'autre, étaient remplies de meubles magnifiques. Le penchant au luxe se manifestait surtout dans la façon dont s'habillaient les messieurs aussi bien que les dames. Quant aux chevaux et voitures, il y en avait de splendides. Pour le transport de ces chevaux, les■ capitaines, qui, suivant un édit de 1704,* auquel on tenait strictement la main, devaient toujours, dans leur chargement, en avoir un certain nombre, apportaient tout leur soin. Le nombre des chevaux de selle était alors très grand, car au dire de Mauricius un certain nombre de bourgeois qui s'appelaient les a: Chevaliers de Maurits » purent, a l'occasion de son anniversaire, le 3 mai 1743 organiser en son honneur une brillante cavalcade, en tenue d'uniforme rouge. 38. — La vie morale laissait beaucoup à désirer; en ce qui a trait à l'éducation des enfants, on y pensa à peine. Quant à l'enseignement, jusque vers la lin du 18ème siècle, il n'avait aucune importance. Des soldats congédiés, des planteurs malheureux ou des aventuriers étaient chargés de l'enseignement moyennant une légère rétribution. Avec la vie religieuse, les choses n'allaient guère mieux. Quoique le pasteur Batelier eût été. eu 1668, déjà appelé comme ministre protestant à Paramaribo et qu'il y eût, depuis cette époque, un ou plusieurs pasteurs dans la colonie, la prédication au 18éme siècle, n'avait pas porté beaucoup de fruit. Les disciples du pieux comte Von Zinendorf, les frères Moraves, qui, en premier lieu, vinrent s'établir en 1739, dans la colonie, et sur lesquels reposait la lourde tâche de convertir au christianisme les esclaves païens, avaient plus de raison de contentement que les prêtres de la religion réformée. Malgré la haine et l'opposition des blancs, ils réussirent, le 21 juillet 1776, à admettre au baptême le premier esclave nègre, auquel ils donnèrent le nom de Johnnnès, et le 18ème siècle n'était pas encore à sa tin que les Frères Moraves avaient une église particulière avec une paroisse de plus de 300 membres. Même parmi les sauvages Arourakken qui étaient loin d'avoir atteint le même degré de civilisation que les Péruviens et les Mexicains, la mission des Frères Moraves, grâce au zèle et au» mépris de la mort des Frères Dahne, Gottlieb, Fiss her et autres, compta beaucoup de membres. Les ecclésiastiques catholiques romains à qui, dans la deuxième moitié du 18 ème siècle, avait été accordée la permission de prêcher leur culte à Surinam, durent, pour différentes raisons, limiter leur apostolat à la population blanche ou libre. Mais déjà en 1793, la situation financière précaire de cette paroisse forçait,


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