Histoire de Surinam

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— 32 — Mais, si les nègres boschs avaient été battus, ils n'étaient pas exterminés. Au vaillant Frédérici, lequel, avec ses guides, avait grandement contribué au succès de Fourgeaud, était réservé l'honneur d'infliger aux Marrons qui, avec leur chef B nni, avaient traversé le Maroni et qui, dès 1778, recommençaient par leurs attaques à inquiéter les colons, une formidable défaite qui obligea Bonni à se retirer avec de grosses pertes. X. — Situation financière de la colonie au I8èius siècle 31. — L'invasion de Cassard, les coûteuses expéditions contre les Marrons, l'établissement d'un cordon ou ligne de défense (1774), l'envoi d'une commission pour vérifier les plaintes portées contre Mauricius avaient exigé de la colonie de lourds sacrifices d'argent ; les colons durent payer des impôts de plus en plus élevés, contre lesquels la Cour de police protestait fréquemment. Pourtant aussi longtemps que la récolte du café fut satisfaisante et que les cours du marché des produits d'exportation se maintinrent assez hauts, l'acquittement des impôts ne coûta pas trop aux colons. Ils purent même, malgré cela, mener une existence opulente et coûteuse. Et, surtout à l'époque du séjour du Baron de Sporche et sous le gouvernement de Nepveu, de si brillantes fêtes furent données par les habitants notables, et, autant sur les plantations qu'à Paramaribo, tant de superbes constructions s'édifièrent que Surinam paraissait avoir atteint le comble de la prospérité et du bien-être. Mais tout cela n'était brillant qu'en apparence, et bien avant la fin du 18ème siècle la simple vérité devait se faire jour et maint colon notable être réduit à la mendicité. 32. — Déjà, sous le gouvernement de Mauricius, beaucoup de propriétaires de plantations étaient devenus si pauvres qu'ils durent contracter un emprunt à la maison de commerce Gédeon Dutz d'Amsterdam, et donner leurs plantations en garantie. Mais l'argent prêté ne fut pas employé à développer ou faire prospérer les plantation mais plutôt à construire de superbes villas et à vivre sur un grand pied. Les conséquences ne devaient pas se faire attendre. En 1765, beaucoup de plantations furent vendues pour dettes et les anciens propriétaires devaient se montrer très reconnaissants lorsque l'administration de leur ancienne propriété leur était laissée ou qu'ils étaient chargés de la direction dune autre plan tation. En 1770, la maison de banque d'Amsterdam Schouten et VaUns, par-son argent Lacroix, prêta des milliers de florins aux planteurs pour l'extension des cultures. Mais Lacroix se mit à l'œuvre en téméraire. Quiconque voulait acheter une plantation pouvait recevoir de l'argent au moyen de traites tirées sur la maison Schouten et Valons. De ce Lacroix, un écrivain a «lit « que d'un simple trait de plume, il faisait beaucoup plus rapidement des laboureurs qu'autrefois Pyrrha ne sut créer d'hommes en lançant des pierres ».


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