Histoire de Surinam

Page 38

— 30 —■

28. — C'est surtout sous le gouvernement de Jan Nepveu (1770 4779) que les colons eurent oeaucoup à soufîrir des Marrons. Diverses plantations furent pillées, beaucoup de planteurs assassinés et maint esclave enlevé par eux bon gré mal gré. Souventmême ils attaquèrent les postes militaires et mirent en formidables déroutes les patrouilles envoyées contre eux. Ce que les soldats eurent à endurer dans ces expéditions est au dessus de toute description. Beaucoup, épargnés par le plomb des esclaves, succombaient pitoyablement dans les marais ou bien étaient emportés par les fièvres paludéennes. L'effroi qui régnait parmi les planteurs était si grand que beaucoup abandonnèrent leurs plantations et allèrent s'établir à Paramaribo où ils se considéraient plus en sûreté. Ce sont les nègres originaires du district de Cottica et, pour cette raison, nommés les Cotticaners, qui, par leurs attaques redoutables, semblaient avoir juré la perte de la colonie. Leurs chefs, dont les plus importants étaient Baron, Boni et Joli-Cœur, se signalèrent comme des chefs hors ligne. Baron a eu une jeunesse heureuse. Son maître, un nommé Dahlberg, avait eu le jeune nègre en amitié à cause de son extérieur intelligent; il lui fit apprendre à lire et à écrire et à pratiquer un métier; et l'emmena plus tard en Hollande avec lui. Là, Baron développa grandement son savoir. Ah! comme il dut se sentir heureux, lorsque son maître lui eut promis qu'il retournerait à Surinam en homme libre ! Dahlberg ne s'acquitta cependant pas de sa promesse; à son retour à Surinam, il vendit Baron à un de= ses amis. Ce dernier l'ayant maltraité, il se sauva de chez lui et fut bientôt un des plus redoutables meneurs des Marrons. Joli-Cœur avait fui dans les bois pour avoir été, un jour, témoin oculaire des mauvais traitemente que son maître faisait subir à sa mére, et de la flagellation qui fut administrée à son père lorsque celui-ci, oubliant un moment qu'il n'était qu'un esclave, s'efforçait d'arracher sa femme des mains de son bourreau. Bonni était un vrai fils de ta contrée sauvage. A la vérité sa. mère fatiguée des mauvais traitements de son maître, se sauva, dans les bois et, quelques jours après, donna le jour à un fils qui,, sous le nom de Bonni, devait devenir la terreur des blancs. 29. — Pour combattre les Marrons avec succès, le gouverneur Nepveu créa en 1772 un corps militaire appelé Guides ou Chasseurs noirs se composant d'environ 300 esclaves affranchis. A. cause de leurs casquettes rouges, ils reçurent du peuple le nom de redimoesoe. Ces chasseurs noirs, encadrés par des officiers blancs, ont bien mérité de la colonie, car ils ont contribué à la sauver d'une ruine certaine. Par leur solide constitution et leur grande force de résistance, ils supportaient mieux" que les blancs les fatigues des expéditions à travers les régions sauvages de Surinam; aussi est-ce à eux que revient l'honneur d'avoir pris le camp fortifié de Baron et de Joli-Cœur et d'avoir obligé le puissant Baron à prendre la fuite.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.